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Gwenaëlle Aubry

Mercure de France

  • Conseillé par
    10 janvier 2013

    guerre, Israël

    Je découvre la plume de cette auteure, sèche, parfois sans virgules. Un rythme à prendre, pas sûre que j'accroche.

    Pourtant je continue, attirée par les histories parrallèles de Sarah et Leïla.

    L'auteure décrit le bouleversement qui les prend au même moment : Sarah voit son meilleur ami mourir dans un attentat et tombe en dépression - Leïla voit son frère arrêté puis relâché et devenir martyr lors du même attentat.

    Même si elles ne sont pas facile à lire car manquant de paragraphes, les interrogations et visions de la vie qu'ont ces deux jeunes filles m'ont passionnées. Je ne partage aucune de leurs vues, mais je les ai comprise, le temps de ma lecture.

    Toutefois, cela reste un roman sombre, car de partages, de communions, il n'y a pas. le seul partage qui existe dans ce livre et le partage, la séparation d'une même terre et de deux communautés qui se haïssent.

    Un dernier chapitre intéressant par le procédé de narration qu'il propose. Une lecture différente, en miroir.

    L'image que je retiendrai :

    Celle des deux jeunes filles se retrouvant dans un même lieu qui ne porte pas le même nom.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2013/01/08/25979589.html


  • Conseillé par
    21 novembre 2012

    Le thème de ce roman est très proche de Après Ramallah, lu il y a peu, à la grande différence qu'ici, les protagonistes ne sont pas spectateurs du déchirement, ils le subissent de plein fouet. Mais ils ont en commun de nous ouvrir une fenêtre sur cet endroit du monde, une fenêtre derrière laquelle j'aurais aimé découvrir des terres inconnues. Or, nous sommes ici en terrain connu. Les enfants jouent au Martyr et plus tard à l'Antifada. Quand ils grandissent:

    plus besoin de tirer au sort les bons et les méchants. Les jeux de hasard nous sont interdits. Avant notre naissance, d'autres ont jeté les dés.

    J'ai tout de même beaucoup apprécié la description du rôle de la femme là ou vit Leïla, ces femmes qui font diversion pour que l'homme puisse s'échapper des griffes de la police; la jeune fille est parfois aussi sacrifiée pour sauver l'honneur de la famille. Le moment où Sarah emprunte le Coran à la médiathèque, murmurant sa requête, comme si elle demandait un livre érotique est un beau moment. Et le personnage de la mère de Sarah, qui porte en elle la douleur d'un peuple et façonne son fils de manière à ce qu'il devienne un israëlien, lui qui naît américain, m'a semblé très réussi. Petit, il regarde Holocauste (que je regardais aussi petite avec mon père) au lieu de regarder des Disney.

    C'est [...] comme s'il avait mieux qu'elle percé son désir, porté son histoire, comme s'il avait su transformer les cendres en or, l'entrave en victoire.

    Mais j'ai beau mettre en avant ce que j'ai aimé, je ne peux pointer du doigt ce qui fait que je ne suis pas satisfaite de ma lecture. Je ne suis pas parvenue à m'attacher à ces deux adolescentes. Trop de lieux communs, une impression de déjà-vu? J'aurais sans doute aimé une histoire plus originale.


  • Conseillé par
    1 novembre 2012

    Jésuralem, 2002, elles sont deux jeunes filles âgées de dix-sept ans. Elles se ressemblent physiquement, on pourrait même les confondre. Sarah l’américaine Juive d’origine polonaise arrivée en Israël avec sa mère après les attentats du 11 septembre à New-York et Leïla la palestinienne musulmane qui vit recluse avec sa famille dans un camp de réfugiés en Cisjordanie.


    Deux voix s’élèvent dans ce roman, celle Sarah et celle de Leïla . Deux voix, deux regard qui se croisent un instant au pied du Mur à Jérusalem après que Sarah soit venue s’installer en Israël avec sa mère. Une femme meurtrie dont la mère polonaise a été tuée dans un camp de concentration et qui porte en elle le poids de la Shoah. Les attentats du 11 septembre ont ravivé les démons de cette peur de ne pas être à l’abri. Effroi insidieux distillé dans le sang et dans la chair. Partir pour rejoindre Israël, le pays de ses ancêtres où David le frère aîné de Sarah vit déjà. Sarah découvre le pays, son nouveau lycée et se fait des nouveaux amis. Apprentissage de la langue et de la réflexion, la conviction que cette terre est un dû s'ébranle.
    Enfant, Leïla jouait à l'Intifada, aimait que son frère lui lise de la poésie anglaise lui qui attendait une bourse pour étudier à l’étranger. Adolescente, elle a aidé ses frères comme les autre sœurs et mères. Sans choix possible. Elle s’enferme dans des rêves, s’imagine à Londres : les soldats n' ont pas encore appris à barbeler nos âmes. Sarah vit comme une jeune fille de son âge et tombe amoureuse, Leïla ne connaît que le camps, ses règles et des dés pipés. Chacune apprend la version que leur livre d'histoire raconte, des versions bien entendu différentes.
    Mais l’Intifada les rattrapera toutes les deux avec un attentat qui emmure Leïla dans une spirale et plonge Sarah dans la haine. Les deux jeunes filles se retrouveront à Jérusalem. Juste pour une ultime et dernière fois.

    L‘écriture de Gwénaëlle Aubry est sublime, insufflant la vie aux âmes, à tous ces morts qui charrient leur histoire et pèsent sur le destin des habitants de Jérusalem et des deux jeunes filles. Du conflit Israélo-palestinien, elle fait ressortir la gangrène de la peur, la soif de vengeance distillée comme du poison, le carcan de l’héritage familial, le souvenir "devoir" envers des défunts, les droits pour un même sol. Mais il y a aussi le quotidien de Sarah et de Leïla : leurs espoirs, leurs rêves, leurs désirs et aussi leurs rires. Aussi rares soient-ils. Un livre bouleversant sur ce qui unit, partage, rassemble ou divise que j’ai hérissé de marque-pages.
    Une lecture en apnée totale avec des larmes aux lisières des yeux. Et c’en est presque terrible d’écrire que j’ai trouvé ce livre splendide…

    Merci Julien, merci énormément pour ce conseil de lecture .