La librairie vous accueille du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
27 rue Franche, 71000 Mâcon - 03 85 38 85 27 - cadran.lunaire@wanadoo.fr
 

Conseillé par
5 février 2012

Je n’étais pas du tout attirée par cette saga. D’abord parce qu’elle comptait 10 volumes (maintenant 11 depuis le 11 janvier dernier et sans compter l’interlude) et aussi parce que je ne suis pas une adepte des histoires de vampires (à part Entretien avec un vampire de Anne Rice, mais celui-là c’est comme Dracula de Bram Stoker, c'est un classique). Pourtant, ma belle-sœur était tout le temps accrochée aux bouquins et ma copine Emy m’en disait beaucoup de bien, alors je me suis posée des questions : « qu’est-ce qu’ils trouvent tous à cette série ? ». Et puis je suis tombée par hasard sur le premier épisode de la série TV True Blood (tirée des livres) et, moi qui avais peur de tomber dans du Twilight, je me suis vite aperçue que je m’étais fait de fausses idées !


La Communauté du sud 1 est un très bon divertissement. C’est une lecture agréable et sans prise de tête, un savoureux mélange de thriller et roman sentimental avec une pointe d’érotisme. Loin de Twilight, le sexe et la violence sont ici très présents. En effet, l’intrigue principale de ce roman n’est pas seulement la relation entre une jeune fille et un vampire, c’est également une enquête sur une série de meurtres perpétrés dans la petite ville de Bon Temps.

L’histoire de ce premier tome permet de présenter la plupart des personnages, (qui je pense auront plus d’importance dans les prochains livres) et de mettre en place la relation entre Sookie et Bill. Il y a beaucoup de personnages secondaires mais l’enquête policière, qui est le fil conducteur du roman, donne beaucoup d’indications sur chacun et le lecteur n’est pas perdu. L’auteure maitrise le suspens jusqu’à la fin où elle offre un bon dénouement (on ne connait le meurtrier que dans les dernières pages) et apporte toutefois suffisamment d’éléments pour donner envie de lire les livres suivants.

Pour en revenir aux protagonistes, Sookie est une jeune fille surprenante : elle possède un don qui la détache des autres et une répartie qui dénote avec son image de blonde un peu niaise. D’autant plus, que je livre étant à la première personne (Sookie est la narratrice), on apprend à bien la connaitre et à travers ses pensées on découvre beaucoup d’informations sur ceux qui gravitent autour d’elle. Mon opinion concernant Bill est un peu plus nuancée car j’ai eu un peu de mal à m’attacher (lui préférant Sam ou Eric). Je ne le trouve pas assez mystérieux, trop sérieux et un peu fade (pas niveau sexe vu qu’il ne pense qu’à ça !).

J’ai trouvé l’écriture de Charlaine Harris très agréable (même si effectivement ce n’est pas de la grande littérature), on se laisse très facilement entrainer par l’intrigue. Le livre se lit d’ailleurs très vite et on ne s’ennuie pas du tout car il y a pas mal d’action et beaucoup de dialogues.

Irène Cohen-janca

Actes Sud

Conseillé par
5 février 2012

Arrête de mourir est destiné à un public d’adolescents à partir de 12 ans mais reste une excellente lecture adulte.
Sans aucune référence médicale, il traite de la maladie d’Alzheimer, sujet qu’il n’est pas facile d’évoqué. Il s’agit simplement d’une confidence, d’un témoignage. On découvre la maladie à travers les yeux et les mots d’un adolescent de 17 ans qui doit faire avec une mère grignoté par la maladie. Cette femme s’efface pour n’être plus qu’une inconnue venue s’immiscer dans la famille bousculant tous les codes logiques et la détruisant.
« Je lui ai répondu que 17 ans, c’est un peu tôt pour devenir parent de ses parents, en plus, parent d’un enfant fou. »
« J’imaginais ma mère s’enlisant peu à peu dans des sables mouvants. Et nous entrainant tous avec elle dans ce lent engloutissement »



A l’âge des premiers amours, des études (c’est l’année du bac) et de l’insouciance tout simplement, Samuel doit faire face à la maladie et avec l’arrivée de celle-ci c’est le déluge des émotions. J’ai trouvé les mots percutants le texte très dur, mais finalement très beau car si expressif de l’amour d’un enfant envers sa mère qu’il voit partir et mourir à petit feu.
« Tu vas mourir un peu chaque jour. (…) tu n’as pas le droit, t’entends, pas le droit de te défiler si tôt. Tu n’as pas fini ton boulot de mère. Trop tôt. Tu entends, trop tôt pour déjà foutre le camp. ARRETE DE MOURIR ! ».

L’écriture est hachée, saccadée. Les phrases sont courtes, si courtes que parfois elles ne sont faites que d’un ou deux mots, sans verbe. Le texte va vite et les mots sont violents, à l’image de la maladie et de sa progression. Irène Cohen-Janca fait magnifiquement évoluer les sentiments du narrateur. Arrête de mourir est le cri de désespoir face à l’arrivée de la maladie, le cri de colère devant la transformation de sa mère et enfin le cri d’amour de Samuel pour cette enfant murée dans le passé qu’est devenue sa maman. C’est au final un récit poignant et une très belle déclaration d’amour.

Merci Mya pour ta générosité et pour les belles découvertes que tu nous offres. Ce petit livre va repartir maintenant vers de nouveaux horizons. Je souhaite au lecteur qui le recevra une belle lecture !

Conseillé par
5 février 2012

Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas été touché à ce point par un roman. Boys don’t cry est un vrai roman chargé d’émotions. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, il est très réaliste aussi bien sur le plan des sentiments, des dialogues que dans les faits. Dante n’est préparé ni sur le plan psychologique ni matériel à accueillir un enfant. On découvre au fil des pages comment se construit leur quotidien, leur attachement et leur futur. L’idée de voir un très jeune père célibataire se débattre avec ses nouvelles responsabilités est aussi audacieuse que touchante.



Les mots sonnent juste, c’est d’ailleurs ce qui fait qu’il est si intense. L’auteure à très bien mis en avant les conséquences de certains actes (ici le fait d’avoir des rapports non protégés). D’une certaine manière Boys don’t cry touche aussi bien les adultes (je me suis bien retrouvée dans certaines situations à l’arrivée du premier enfant) que les adolescents qui trouveront de nombreux sujets proches de leurs préoccupations. Le personnage principal n’a que 17 ans et doit s’imposer dans un rôle de père qu’il n’a ni choisi ni attendu. On le découvre au tout début choqué, déboussolé et même très égoïste (est-ce si étonnant pour un adolescent bourré d’ambitions ?) puis il évolue et s’adapte.

La quatrième de couverture n’offre qu’un résumé partiel du roman. En réalité il s’agit de deux intrigues : celle de Dante et également celle de son jeune frère Adam, qui connait lui aussi un quotidien difficile. Je ne préfère pas trop évoquer ce dernier et vous laisser le découvrir par vous-même. Je souhaite juste préciser que le personnage d’Adam comme tous les autres qui gravitent autour de Dante, est tout aussi important (Adam est d’ailleurs pour moi le plus sympathique et très poignant). Ils ont tous un rôle déterminant dans le récit et forme une jolie famille brisée-soudée qui est très attachante.

L’écriture de Malorie Blackman est agréable, on entre très rapidement dans le vif du sujet et l’alternance des points de vue entre les deux frères apporte une autre dimension au texte. Le lecteur a la possibilité de connaitre un peu mieux cette famille, d’aborder autre chose que l’a paternité de Dante et de soulever d’autres problématiques, notamment liées à Adam. J'aime d'ailleurs bien le choix (non anodin) de ces deux prénoms, en référence à l’enfer et au paradis.

La richesse du récit quant aux sujets traités est incroyable : responsabilité, paternité, sexualité, homophobie, tolérance, rapports familiaux, mort… le tout dans un roman qui tient la route et qui se lit très vite, mêlant sensibilité et violence. C’est un excellent roman que, vous l’aurez compris, j’ai adoré !
J'aurais tout de même aimé connaître d'avantage l'avenir des personnages et savoir notamment si Mélanie, la mère, décidait de revenir retrouver son enfant. Alors à quand la suite ?

Psychose

1

Bayard Jeunesse

Conseillé par
5 février 2012

Pour commencer à vous parler de Skeleton Creek, je précise qu’il s’agit d’un livre conçu comme un journal intime et dont la lecture est liée au visionnage de mini-films sur internet (avec mot de passe). J’ai découvert ce principe à la lecture du premier livre d’Anthony E. Zuiker : Level 26, et bien qu’il ne s’agisse donc pas là pour moi d’un concept innovant, j’ai trouvé qu’ici les vidéos n’étaient pas seulement complémentaires, mais indispensables. Le seul point négatif c’est qu’il faut avoir internet à portée de main, pour ainsi alterner lecture et vidéo. Passé ce détail, c’est plutôt sympa de mélanger les genres.



La narration sous forme de journal intime est très bien mise en valeur par le livre lui-même. La couverture reliée et faussement tachée, le papier jauni, le texte manuscrit, avec même des dessins et des pièces scotchées (mails et coupures de journaux) apportent une touche de crédibilité supplémentaire. On a vraiment l’impression de posséder le journal de Ryan et de faire partie de l’aventure, surtout que les vidéos de Sarah sont très crédibles.

Ce livre est donc écrit par Ryan, qui est cloué au lit depuis une mauvaise chute et qui à l’interdiction de revoir Sarah, sa meilleure amie. Il garde tout de même secrètement contact avec elle et ils tentent, chacun de leur côté, de continuer à enquêter sur la drague de Skeleton Creek où il est question d’apparitions et de société secrète. Tout est sombre et inquiétant dans cette ville où planent les non-dits et les secrets. L’isolement des protagonistes, leur paranoïa et les dangers qu’ils frôlent amplifient le suspens qui va crescendo dans le récit jusqu’à la vidéo finale de Sarah Fincher. C’est un peu à la façon BlairWitch, que le lecteur est entraîné dans l’affaire.

Skeleton Creek 1 : Psychose est une lecture agréable et très rapide. L’auteur Patrick Carman tient en haleine ses lecteurs avec brio. Je n’ai pas encore eu le temps de m’attacher aux personnages mais la fin ne laisse pas d’autre choix que de continuer la lecture du 2ème tome : Engrenage. Ce que je peux dire concernant les deux héros, c’est qu’ils ont une amitié forte et qu’ils sont sacrément téméraires, surtout Sarah (un peu trop sans doute…).

Il s’agit d’une lecture jeunesse (les adolescents à partir de 14 ans devraient relativement bien accrocher) mais le réalisme des vidéos, les rebondissements et le suspens permettent aux adultes de se laisser embarquer avec effroi. Je rappelle que les vidéos sont assez stressantes et que l’éditeur n’a pas hésité à apposer l’avertissement suivant : "Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité de trop jeunes lecteurs." A ne pas mettre donc entre toutes les mains.

roman

Les Presses de la Cité

Conseillé par
5 février 2012

Terezin Plage est juste et admirable dans le tableau qu’il fait de la vie dans le ghetto. Il traite d’un fait historique (les camps de concentration) repris mainte fois dans la littérature et pourtant, on y découvre ici un nouvel aspect : lieu transitoire en attente de déportation vers Auschwitz, Theresienstadt, présenté comme une ville modèle juive, était avant tout un lieu de propagande des S.S. L’auteur apporte beaucoup de crédibilité à son récit et incite ainsi le lecteur à s’intéresser et à en connaitre plus sur cette intrigante bien qu’effroyable forteresse. On s’aperçoit d’ailleurs bien vite à quel point il s’est documenté.



Les scènes sont très réalistes, souvent choquantes et parfois insoutenables. Partageant avec les détenus leurs peurs et leurs douleurs, on est toutefois bercé par le sentiment d’espoir que le protagoniste semble ne pas vouloir quitter et par l’envie d’arriver au bout du livre le cœur plus léger. Aussi vraisemblable et riche qu’un document, Terezin Plage reste tout de même une fiction, dans laquelle Morten Brask apporte une touche poétique avec les souvenirs d’enfance du personnage. En effet, Terezin Plage ne se limite pas à un descriptif des atrocités des camps, c’est également l’histoire d’une rencontre et l’histoire d’un homme avec son passé. Au fil des jours, Daniel se remémore sa jeunesse entre son père trop sévère, juge à la cour suprême, et sa mère fragile, dépressive. Ces flash-back donnent des précisions biographiques sur le narrateur et permettent d’en apprendre plus sur l’homme qu’il est aujourd’hui.
Morten Brask a habilement mélangé les faits et les souvenirs : on passe régulièrement du présent (dans le ghetto de Theresienstadt) au passé (dans la maison de Daniel au bord de l’eau), permettant de s’échapper de l’horreur. Même si la transition entre les deux reste parfois brutale, on retrouve au final deux histoires en une. C’est une des raisons qui m’ont fait aimer ce livre, le trouvant à la fois cruel et poétique.

Terezin plage reste une lecture tragique sur les camps de concentration de la seconde guerre mondiale. Ce qui change tout de même des autres romans portant sur ce même thème, c’est le parti pris de l’auteur de mettre en avant les sentiments d’amour qui unie les deux personnages principaux, Daniel et Ludmilla. Ce sentiment, pourtant improbable au début du récit, nait et se construit tout au long de l’histoire, portant en lui l’espoir d’une vie meilleure loin de la guerre.
Le début est assez difficile tant les descriptions sont précises, mais l’auteur, avec beaucoup de sensibilité, réussit à faire ressortir une certaine beauté et légèreté. Peu à peu l’horreur fait place à des sentiments plus doux où une pointe de sensualité arrive même à se dégager. Ce sentiment d’Amour apporte au final une certaine beauté au récit. Malgré le désespoir et la cruauté, Daniel tient le coup grâce à l’amour qu’il a pour Ludmilla. Cet amour les aide à dépasser leur quotidien et à deux ils réussissent à se créer des moments de bonheur. On s’attache d’ailleurs très rapidement à ces deux êtres fragiles, chacun trainant son passé douloureux, et on s’inquiète surtout quant à leur sort, d’autant que l’on apprend rapidement que Ludmilla est malade et que diagnostic de la tuberculose ne fait pas de doute.

Le style de Morten Brask est limpide, les pages défilent très vite (l’utilisation du présent n’y est pas pour rien) et on est vraiment projeté dans les lieux, ressentant toutes les émotions des personnages : peur, joie, dégoût, tristesse, bonté, soulagement… Terezin plage est un roman poignant, qui touche tous les sentiments et on en ressort fortement ému et touché par la cruauté du contexte historique, par l’amour qui lie Ludmilla et Daniel et par l’enfance de ce dernier. C’est un roman nuancé où l’horreur est adouci par une belle écriture et une triste histoire d’amour : « Elle m’embrasse. Elle suçote ma bouche avec la douceur d’un nuage de sucre glace, un essaim de papillons vole dans mon estomac, je ferme les yeux et plus rien n’existe que les lèvres de Ludmilla contre les miennes » (page 213).
C’est tout simplement un roman bouleversant !