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La distribution des lumières

Stéphanie Hochet

Flammarion

  • Conseillé par
    9 décembre 2011

    On en apprend beaucoup sur les motivations de Pasquale qui l'ont conduit à quitter l'Italie : la montée en puissance de Berlusconi. Mais il n'est pas engagé politiquement, c'est juste que le personnage lui déplait. Si on faisait tous pareil, bonjour les mouvements migratoires...

    On en sait aussi beaucoup sur Aurèle et son frère qui prennent tour à tour la parole, même si les motivations d'Aurèle restent floues.

    Mais Anna, elle, reste muette. Dommage, j'aurais aimé entendre sa voix.

    Un court roman qui m'a pourtant lassé, même si la fin est joliment pleine de cruauté.

    L'image que je retiendrai :

    Une pensée, plutôt : méfiez-vous des jeunes filles de 14 ans.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2011/11/28/21841133.html


  • Conseillé par
    7 juillet 2010

    La distribution des lumières

    Plusieurs personnages prennent tour à tour la parole, mais une seule mène la danse, la démoniaque Aurèle. Une adolescente tout à fait classique à première vue, qui se cherche, s’enivre, s’interroge, s’ennuie et se met à épier une voisine qui n’est qu’autre sa professeur de musique au collège : la charmante Anna.

    Aurèle entraîne son demi-frère Jérôme et joue de sa faiblesse mentale pour le rendre complice de son jeu l’entraînant dans sa spirale infernale. Jérôme n’a d’yeux que pour sa sœur, lui vouant une totale confiance, se laisse glisser vers des dérives houleuses. Alors que Pasquale devient un rival, le couple infernal –sœur-frère- le mènera dangereusement vers une histoire d’un meurtre puis deux.

    Dire plus, serait dévoiler toute l’intrigue finement menée dont rien ne laisse présager un tel scénario. Chapitre après chapitre, on ressent le piège qui se referme doucement mais inévitablement sur Anna et Pasquale. Ce dernier soutenu par sa femme qu’il a laissée en Italie parvient à garder espoir d’échapper à cette manigance, glissant par moments vers une douce folie. Son attitude est vraiment touchante, on perçoit tout à fait sa lucidité qui tombe en lambeaux, semble se reprendre, mais reste consterné avec son impuissance. Du doute à la vérité, des scènes orchestrées avec brio rendent la lecture prenante et passionnante.

    Les personnages sont forts et bien démarqués. La présentation psychologique des 3 personnages principaux est tout à fait remarquable. On pense toucher la vérité du bout des doigts et puis tout s’évanouit comme une ombre que la nuit absorberait…

    C’est fin, prenant, surprenant. Ca pourrait être un thriller, mais c’est encore plus subtile, un mélange d’un tout qui s’impose avec délicatesse de page en page.

    La lumière braquée sur le comportement d’une adolescente d’apparence inoffensive même attentionnée avec son demi-frère, prend des mesures disproportionnées, au nom d’une passion obsessionnelle envers Anna. L’innocence et l’inconscience de ses actes rendent la position de Pasquale encore plus fragile et celle d’Anna périlleuse.

    L’ histoire qui se déroule en banlieue, reflète ce mal, ce besoin d’exister, de se faire aimer, par des actes percutant les règles des adultes. Une façon de dire : je suis sans doute une ado lambda, mais sous ma capuche, j’irai au bout de ma volonté détruire par plaisir ce monde absurde dans lequel je ne trouve pas ma place ni d’avenir…

    Sans l’ombre d’un remords, Aurèle continuera son petit bonhomme de chemin, et se souviendra de ce drame comme un jeu dont elle aurait gagné la partie sans réaliser qu’elle a détruit des vies comme si elle écrasait une mouche. Elle en parle comme une mauvaise blague dont elle se serait bien marrée : “ le crétin ! il n’a eu que ce qu’il méritait” sera la dernière phrase de l’adolescente qui referme le livre, laissant le lecteur déconcerté mais tout à fait conscient de la réalité des choses qui est malheureusement une part de notre société actuelle. La dérive d’une humanité en mal d’exister à la recherche de soi, se perd dans des actes basculant inexorablement vers des drames.

    Quand les limites n’ont plus de frontières, il ne fait pas bon croiser le chemin d’une adolescente dans une banlieue où l’oisiveté et l’errance de soi mènent à des pratiques dangereuses et où la manipulation des êtres est une arme redoutable…

    Quand à la plume de Stéphanie Hochet, elle nous porte avec délicatesse et douceur bien que très franche. Elle expose plusieurs sujets intéressants en filigrane au coeur de l’histoire qui nous invite à méditer.
    Pour résumé, c’est une lecture intéressante , originale et agréable nous laissant un arrière goût amer de réalisme et d’impuissance. La douceur de la majorité des personnages est épinglée par la cynique Aurèle dont notre seule envie est de chopper cette gamine , braquer la lumière sur ses actes et lui exposer notre colère.

    Un livre tout en contraste mais parfaitement bien mené et équilibré. Un roman à ne pas manquer !