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Ce qui reste de candeur

Thierry Brun

Jigal

  • Conseillé par
    6 mars 2020

    Qu'est-ce qui a amené Thomas Boral aux alentours de Mazamet, dans la Montagne Noire ? Pourquoi se retrouve-t-il à loger dans une maison très isolée avec pas mal de travaux à y effectuer pour passer l'hiver particulièrement rigoureux dans la région ? Se met-il au vert après son incarcération ? Se cache-t-il ? Il vit en reclus, en solitaire, ne descendant au village que pour y acheter des provisions, pour y descendre une bière de temps en temps, ses rapports avec la population locale se limitent au strict minimum.

    Mon résumé est très volontairement interrogatif, car toutes ces questions je me les suis posées dans les premières pages, puisque comme à mon habitude, je n'ai pas lu la 4ème de couverture -ce n'est pas utile avec un livre signé Jigal, ils sont toujours bons. Thierry Brun construit son roman noir très habilement, parlant de faits ou de conséquences de faits dont le lecteur n'a aucune idée, créant ainsi une envie d'en savoir plus. Puis, par petites touches, il expose les événements et les raisons de l'isolement de Thomas s'expliquent. J'aime bien le procédé pourvu qu'il ne soit point trop tortueux, car il oblige à une certaine attention pour ne pas dire une attention certaine, empêchant totalement le lâchage du bouquin. La tension monte doucement mais sûrement, les incident s'enchaînent sans lien apparent entre eux, mais on n'est pas à l'abri d'être surpris.

    La nature et les éléments forts : tempête, orages, pluies, ... les reliefs abîmés par les intempéries précédentes concourent à rendre le récit encore plus angoissant. La région paraît belle mais exigeante et semble être l'écrin idéal pour une histoire noire. Thierry Brun en fait un élément fort de son roman, les descriptions sont nombreuses. Et puis, il y a la femme, la fatale, celle qui va tout faire exploser, parce que l'homme est faible dès qu'une courte robe s'agite dans son environnement, c'est l'un des ingrédients inévitables du roman noir : "A près de 38 ans, dont trois passés derrière les barreaux, je ne voulais plus entendre parler de certaines choses. J'aspirais à la tranquillité. Je réclamais du silence, de la solitude et tout ce qui va avec : lire de bons bouquins, écouter un peu de musique classique, me lancer dans de raisonnables runs dans la montagne, couper du bois pour l'hiver, et celui-ci venu, profiter d'un feu, écrire quelques lignes, tenter de raconter mon histoire. M'occuper d'une dingue blessée ne rentrait pas dans mes plans. Les femmes ne m'intéressaient que dans un cadre purement sexuel. Socialement, pratiquement plus du tout. Il me semblait avoir épuisé toute la gamme des expériences possibles dans ce domaine. J'estimais que mon temps était précieux, même si je n'en faisais pas grand-chose." (p. 37)