Silex, La tombe du chasseur

Trois jeunes archéologues soviétiques ont établi leur campement dans les steppes du Tadjikistan pour fouiller ce qui semble être une sépulture néandertalienne. L'un d'entre eux relate dans son Journal le patient travail d'exhumation, les petites péripéties quotidiennes, les minuscules trouvailles et les amples conjectures. Car centimètre après centimètre, creuser cette tombe c'est traverser l'épaisseur des siècles, descendre à la rencontre d'un gisant de quarante-huit mille ans. Qui était-il ? Que peuvent, de ses conditions de vie, nous apprendre les fragments d'os, les débris végétaux, les esquilles de silex disposés autour de sa dépouille ? Quel instinct, ou quelle étincelle de pensée — imagination d'un futur, voire hypothèse d'un au-delà ? — ont pu présider à son attentive inhumation ? Sitôt qu'affleurent d'aussi vastes questions, le narrateur se trouble, abandonne la prose et, en un bref poème, fait jaillir le cryptogramme d'une fervente méditation sur l'homme des origines...

Au fil des jours, de trois compagnons ils deviennent quatre. Car voici qu'il apparaît, ce fameux "chasseur" avec lequel chacun nourrit une secrète connivence. Et n'est-ce pas ainsi que le mort saisit le vif ?

Silex n'est pas un (premier) roman aux ordinaires inflexions autobiographiques. C'est un récit envoûtant et métaphysique, une réflexion poétique sur l'aube de l'humanité, une initiation à la fascination de l'archéologue, à son obscure nécessité de profaner pour connaître — en un acte ambivalent qui comble et anéantit d'une paradoxale résurrection le geste d'avenir de l'enfouisseur.