Mes lettres de cachets

Flora Nicol a été la dernière victime du « violeur des parkings » à Paris. Ce
jour-là, elle a anesthésié la douleur qui la suffoquait à coups de somnifères.
« C"est tout ce que j'ai trouvé pour ne pas sombrer », écrit-elle. Ce jour-là
a débuté sa dépendance aux médicaments, puis aux drogues. Mes lettres de
cachets est le récit de sa première tentative de désintoxication. C’était il y
a presque dix ans. Le début d’un long chemin vers le rétablissement. Sous
l’Ancien Régime, les « lettres de cachet », délivrées au nom du roi,
permettaient d’embastiller un être humain pour des motifs plus ou moins
authentiques. En nommant ainsi son récit, Flora Nicol dit l’emprisonnement
auquel la drogue l’a soumise, tout autant que la privation de liberté à
laquelle elle s’est astreinte en décidant de se sevrer, pour se sauver. Sa
dépendance – une « maladie des émotions », comme elle la décrit – s’est
développée comme une conséquence de son viol, qui a brisé son système de
défense. Elle a tenté de se soigner à un moment où elle n’avait pas encore
touché le fond. Car le rétablissement, c’est de l’abstinence avec du sens,
faute de quoi rien n’est solide et il n’y a que frustration. La route a été
tortueuse, semée d’embûches mais aussi de rencontres humaines pendant la cure.
C’est à ce théâtre de l’existence, parfois tragi-comique, que nous convie
Flora Nicol, avec une honnêteté et une finesse d’expression qui nous obligent.
D’origine franco-argentine, Flora Nicol a 43 ans. Elle est journaliste et
réalisatrice depuis vingt ans pour des magazines culturels, d’histoire et
d’investigation. Elle a notamment travaillé pour « Secrets d’histoire »
(France 2), « L’Ombre d’un doute » (France 3), « Les faits » (Karl Zéro), et «
Invitation au voyage » (Arte). Mes lettres de cachets est son premier livre.
Elle prépare actuellement un documentaire, « Le prix de la douleur » (produit
par StudioFact Mediagroup), sur la délicate question de l’indemnisation des
victimes.