- EAN13
- 9782709644174
- Éditeur
- Jean-Claude Lattès
- Date de publication
- 03/11/2010
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
« Saine coutume est de jeûner aux jours du malheur.
Pourtant, ma longue pratique des fruits et légumes, herbes et racines, muscles
et viscères d’animaux sauvages ou domestiques, m’a parfois montré la voie du
réconfort. Il s’agit de préparations simples, qui présentent un moindre
risque. Certes, accueille-les avec prudence : les meilleurs remèdes peuvent
être des poisons pour certaines d’entre vous. Toutefois, n’hésite pas à les
goûter, à en tâter. Je te déconseille de caresser, en toute passivité, ton
malheur. La tristesse constipe. Recherche la purgation des larmes, ne dédaigne
pas la transpiration. Après le jeûne, tourne-toi vers mes recettes. Ma façon
est équivoque. Il m’a semblé que mon art n’était pas très respectueux des
préceptes. Défie-toi de moi, ne cuisine pas mes potions, si tantôt t’effleure
un soupçon. Mais lis cette illusoire ébauche de sorcellerie. Le sortilège,
s’il opère, ne le doit qu’au bruit qu’il aura fait : ce qui soigne, c’est le
souffle exhalé par les mots. »
De la mélisse pour faire revenir un être aimé, ou l’oublier tout à fait ; un
chou-fleur en brumes pour déguster la tristesse ; de l’urine et du basilic
pour retrouver sa jeunesse ; une longe de veau au poivre pour délier la langue
d’un taiseux ; des spaghettis al dente, ail, huile, piment, un verre de vin
rouge et deux livres de poésie pour guérir l’indigestion de mots ; telles sont
les recettes livrées par Héctor Abad, recettes de vie, d’amour, de passion, de
jalousie et surtout une grande leçon de littérature.
Pourtant, ma longue pratique des fruits et légumes, herbes et racines, muscles
et viscères d’animaux sauvages ou domestiques, m’a parfois montré la voie du
réconfort. Il s’agit de préparations simples, qui présentent un moindre
risque. Certes, accueille-les avec prudence : les meilleurs remèdes peuvent
être des poisons pour certaines d’entre vous. Toutefois, n’hésite pas à les
goûter, à en tâter. Je te déconseille de caresser, en toute passivité, ton
malheur. La tristesse constipe. Recherche la purgation des larmes, ne dédaigne
pas la transpiration. Après le jeûne, tourne-toi vers mes recettes. Ma façon
est équivoque. Il m’a semblé que mon art n’était pas très respectueux des
préceptes. Défie-toi de moi, ne cuisine pas mes potions, si tantôt t’effleure
un soupçon. Mais lis cette illusoire ébauche de sorcellerie. Le sortilège,
s’il opère, ne le doit qu’au bruit qu’il aura fait : ce qui soigne, c’est le
souffle exhalé par les mots. »
De la mélisse pour faire revenir un être aimé, ou l’oublier tout à fait ; un
chou-fleur en brumes pour déguster la tristesse ; de l’urine et du basilic
pour retrouver sa jeunesse ; une longe de veau au poivre pour délier la langue
d’un taiseux ; des spaghettis al dente, ail, huile, piment, un verre de vin
rouge et deux livres de poésie pour guérir l’indigestion de mots ; telles sont
les recettes livrées par Héctor Abad, recettes de vie, d’amour, de passion, de
jalousie et surtout une grande leçon de littérature.
S'identifier pour envoyer des commentaires.