La librairie vous accueille du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h
27 rue Franche, 71000 Mâcon - 03 85 38 85 27 - cadran.lunaire@wanadoo.fr
 

La désobéissance

Naomi Alderman

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    10 juin 2016

    Ronit Krushka, une trentenaire célibataire vivant à Manhattan, retourne à contrecœur à Londres pour les obsèques de son père, un rabbin fort réputé. Alors qu'elle s'était juré de ne jamais retourner dans le quartier de son enfance, ce deuil va l'obliger à renouer pendant tout un mois avec les gens de la petite communauté juive qu'elle a quitté depuis plusieurs années.
    Elle est accueillie par son cousin Dovid, qui est devenu rabbin et a épousé Esti, sa meilleure amie d'enfance avec qui elle a eu une brève relation amoureuse. Le trio de leur adolescence se reforme le temps du deuil pour se confronter à la vérité. Chacun va devoir accepter d'affirmer ce qu'il est et non pas ce qu'on attend qu'il soit. Pour cela il va leur falloir briser la loi du silence.
    A force de rage et de thérapie, Ronit s'est libérée du poids des règles strictes du judaïsme. Elle est devenue une femme indépendante qui travaille, s'habille comme elle l'entend et couche avec qui elle veut, mais si elle a renoncé à obéir à la Torah en ne faisant plus shabbat et en ne mangeant plus casher, elle n'en reste pas moins juive pour autant.
    Esti, elle, s'est pliée aux conventions en devenant une épouse respectueuse des règles civiles et religieuses qui régentent la vie quotidienne de la communauté mais elle cache un secret inavouable. Une chose que la Torah considère comme une abomination.
    Dovid s'est laissé entraîné dans une voie qui ne lui convient pas, il n'a pas l'étoffe d'un rabbin et ne tient pas à prendre la succession du père de Ronit. D'ailleurs même s'il le voulait, ses affreuses migraines qu'il a toujours tues l'en empêcheraient.
    A travers l'histoire de Ronit, Esti et Dovid, Naomi Alderman fait, avec humour fin teinté d'une pointe de cynisme, le portrait d'une petite communauté conservatrice qu'elle connaît bien puisqu'elle y a grandi et qu'elle même est fille d'un rabbin très réputé.
    Même si elle fait la critique de ce milieu où il importe plus de se taire, pour surtout ne pas avoir l'air de faire lechon ha-ra, et de sauver les apparences plutôt que d'être heureux, elle ne désavoue pas pour autant pas sa religion. Elle démontre simplement qu'au vu de la rigueur des exigences de la loi juive, il faut parfois savoir désobéir aux commandements de la Torah, pour pouvoir trouver un épanouissement personnel.
    La désobéissance donne à réfléchir sur la rencontre entre la religion et la vie moderne, entre la sexualité et la spiritualité, entre les désirs et les exigences et de l'importance de pouvoir changer pour aller de l'avant.
    La lecture de ce roman est passionnante, même pour un lecteur athée pour peu qu'il soit curieux de découvrir la pensée et la culture juive. Elle révèle un monde un peu mystérieux aux yeux des goys, fait de rituels et croyances complexes transmises de père en fils et de mère en fille depuis des siècles.