Autant le dire tout de suite, c'est un livre magnifique. Magnifique de tendresse, de bienveillance, d'amour et d'humanité. Magnifique de poésie. Les dialogues sont beaux avec une langue juste, ciselée.
L'homme voue à son frère un amour inconditionnel et profond, jamais dans le jugement malgré les difficultés, toujours dans l'empathie, dans l'écoute même des silences. Les deux frères s'aiment sincèrement et ils se le disent mutuellement et magnifiquement. Leurs preuves d'amour sont souvent belles et émouvantes.
L'homme parle aussi des animaux au même titre qu'un individu. Lire le premier chapitre suffit à s'en convaincre. Les animaux ont leur personnalité, leur état d'âme et les échanges se font via le langage des corps. Les échanges avec un cheval ou avec son chien sont particulièrement croustillants.
La nature est omniprésente. Les animaux, les arbres, les fleurs et surtout le ciel où l'on peut distinguer avec un peu d'attention et d'abandon, une porte vers une autre dimension.
Pendant toute la lecture de ce petit livre, j'ai gardé un petit sourire de contentement et de plaisir. Les chapitres sont courts. Une succession de souvenirs, de pensées de promenades dans un environnement champêtre et calme. C'est exquis, c'est tendre. Il y a plein de phrases magnifiques : "récemment, j'ai aperçu au coin de ses yeux de petites rides durables et je me suis souvenu que, depuis le début, d'autres s'y formaient momentanément quand elle riait, comme si durant toutes ces années le bonheur s'était exercé à laisser sa trace" (ch 60).
Il ne faut pas passer à côté de ce moment de bonheur de lecture.

J'ai terminé ce petit livre - conseillé par Jean Marc du Cadran Lunaire de Mâcon - hier soir veille de manifestation contre les retraites. En arpentant les rues de Lyon aujourd'hui j'ai repensé à ces femmes héroïnes de ce petit livre plein d'humanité et d'inhumanité. Ces femmes qui en 1861 ont aussi arpenté les rues de la Croix Rousse ou de la Guillotière pour un peu plus. Un peu plus de salaire - passer de 1,40 franc à 2 - un peu plus d'égalité - être traitées comme les hommes (déjà à cette époque et ce n'est toujours pas fini), un peu plus de qualité pour les logements (logées souvent au-dessus des machines, elles respiraient les poussières dangereuses jusqu'à la phtisie). Ces femmes exploitées ne sachant pour la plupart ni lire ni écrire mais qui ont décidé ensemble de manifester au péril de leur emploi et de leur vie.
L'autrice nous propose une allégorie intéressante; la course en relais. Chaque femme fait partie de la course, chaque femme s'aide, chaque femme contribue à ce que le groupe gagne. Ces femmes de rien, ces femmes invisibles, ces femmes qui ne parlent des fois même pas la langue, ces femmes font cœur et peuvent s'élever vers une vie un peu meilleur. Juste un peu. On le sait, la route a été longue et l'est encore pour toutes les revendications des femmes.
Ce petit livre est un bel hommage à ces femmes de rien qui pendant quelques semaines se sont levées. Il y en a eu d'autres après, beaucoup d'autres et il en faudra encore. Ces femmes de 1861 qui ne savaient pas lire ni écrire, ces femmes souvent enlevées de leur famille par des rabatteurs pour travailler dans des conditions terribles dans les soieries Lyonnaises, ces femmes-là se sont levées en bravant une autorité oppressante. Un bel exemple de courage.

Un chouette livre (ceux qui lisent ce livre comprennent le pourquoi de cet adjectif) qui se lit très agréablement. L'auteur nous transporte dans 4 périodes de temps. Celle d'Aethon - personnage du codex de Diogène qui sert de fil rouge à l'ensemble du livre dans toutes les époques ce qui est assez étonnant. Celle de Konstance dans le futur et dans un vaisseau spatial devant rejoindre une exoplanète suite aux dégâts causés par l'homme à notre bonne vieille terre. Celle, contemporaine, de Zeno et de Seymour et enfin celle plus ancienne (16ème) d'Anna et d'Omeir. le livre est structuré en parties alternant les époques et dans chaque partie alternant les personnages de l'époque. Chapitres souvent courts qui permettent de conserver la dynamique et l'intérêt de la lecture. Et toujours l'histoire d'Aethon racontée dans des petits chapitres et aussi à l'intérieur de l'histoire de chaque personnage. Chacun est lié à cette histoire de manière étroite.
J'ai beaucoup apprécié ce livre qui réserve plein de surprises. Particulièrement le parcours d'Omeir qui malgré son handicap vit une vie pleine de gentillesse et de sensibilité avec sa famille et ses boeufs. le parcours de Seymour est aussi très intéressant ; un être hyper sensible qui regarde le monde avec un regard si particulier. L'histoire de Konstance est assez bouleversante et la surprise de taille. Anna avec sa soif d'apprendre, Zeno avec sa sensibilité et sa gentillesse. Il y a tellement de choses à découvrir dans ce livre.

Je ne lis pas souvent des BD. Celle-ci m'a été conseillée par Jean Marc, le libraire du Cadran Lunaire de Mâcon. J'ai suivi son conseil et j'en suis très content. Cette BD en monochrome est le récit de la marche de l'auteur entre Pech Merle (près de Cahors) et Bure. 800 kms à travers la France. 800 kms pour faire le lien entre deux héritages. Le premier est daté de 29000 ans. Ce sont des dessins dans une grotte réalisés par nos ancêtres témoignant de leur présent et de leur sens artistique. Une merveille. Le second est celui que certains imaginent à Bure en proposant ou plutôt en imposant un enfouissement de nos chers déchets radioactifs. Déchets qui seront nuisibles pour chaque être pendant 10000 ans. Deux points dans notre espace pour relier deux points dans le temps. Bien vu.
L'auteur se fait accompagner par différentes personnes témoins de leur temps. Nous l'accompagnons aussi car il a pris soins d'être fréquemment sur ses dessins et il m'a semblé être souvent derrière lui à découvrir ces paysages et ces rencontres magnifiquement dessinées. Un livre qui témoigne aussi sans violence de la puissance des décideurs, de leurs manières de procéder condamnées par la ligue des droits de l'homme. Une BD coup de poing.
"Le nucléaire, c'est la façon la plus dangereuse de faire bouillir de l'eau"- Bernard Laponche.

Dans un premier temps, on fait connaissance avec les nombreux personnages de cette histoire incroyable. Chaque vie est racontée dans une mini nouvelle dans un style vif et rapide qui laisse très peu de place à l'ennui. Chaque personnage a une histoire particulière et intéressante. Ensuite il y a l'anomalie qui va déclencher le protocole 42 qui ne devait jamais l'être. L'auteur nous propose un évènement hors du commun et le traite à fond, jusqu'au bout. J'ai ressenti un petit moment de flottement lors de la découverte de l'anomalie mais je me suis vitre imprégné de ce scénario et continuer avec grand plaisir jusqu'au bout de l'histoire.
L'auteur ose nous raconter cette anomalie qui se passe en 2021 en intégrant certains liens avec l'actualité avec beaucoup de brio et il ose même traiter Emmanuel Macron de de petit connard arrogant (page 206) - pas sur que cela plaise à tout le monde.