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Nathalie -.

Conseillé par (Libraire)
5 mai 2022

Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs

Un roman foisonnant

Tout ne va pas se passer comme prévu dans la préparation de la thèse de l'apprenti ethnologue David Mazon. La faute déjà au café local qui rassemble à l'heure de l'apéro de sympathiques trognes promptes à lever le coude. Et les mystères du lieu où l'âme du père Largeau se réfugie dans un sanglier qui goutera la luxure interdite au prêtre de par son sacerdoce. Les morts à leur insu trouvent place dans le présent ou le passé, ce qui permet à l'auteur d'évoquer l'histoire des lieux. Mais ce n'est pas tout car le maire, fossoyeur de son état, organise une gargantuesque ripaille histoire de tenir la mort à distance pendant plusieurs jours. Un banquet fastueux débordant d'appétissantes victuailles, de gouleyantes bouteilles et de débats épiques. Dans la dernière partie du livre on retrouve notre ethnologue en herbe à l'ouvrage qui, confronté cette fois aux problèmes du territoire, va modifier son itinéraire personnel ! Une narration surprenante aux multiples thèmes parfois déconcertante mais jubilatoire !

Conseillé par (Libraire)
3 mai 2022

Le jeune homme

Annie Ernaux nous livre une de ses relations amoureuses, alors qu'elle avait cinquante-quatre ans et le jeune homme vingt-cinq.
Ce n'est pas le détail de la relation qui s'y dévoile mais le sens qu'elle en retire. Le texte a été écrit entre 1998 et 2000, sûrement le temps que la relation fut, puis retravaillé en 2022.
On saisit en premier lieu l'intensité pour elle d'éprouver la liberté d'aimer quelqu'un de plus jeune, cette sensation surprenante d'éprouver l'impression des temps passés qui se répétent, se renouvellent aussi.
Les regards extérieurs ne la gênent nullement, elle ne se cache pas de cette relation. Venant d'Annie Ernaux, cela n'est évidemment pas surprenant.
Elle vit sans illusion cette relation, et de cela même peut-être, elle la vit pleinement.
Elle dit combien elle trouve là une justice d'avec les hommes dont nul n'est choqué de les voir amoureux de femmes bien plus jeunes qu'eux. Elle dit le droit naturel qu'elle sait avoir de vivre cette relation-là, à ce moment-là de sa vie.
Mais ce n'est pas là l'essentiel.
De lire ce texte, on sait une fois encore l'imbrication de la vie et l'écriture.
C'est comme si l'une donnait sens à l'autre, vice et versa. Annie Ernaux vit et écrit, écrit et vit. Cela ne peut être autrement et c'est intrinsèquement lié.
Lors de cet épisode amoureux, elle a commencé à écrire sur l’avortement, le sien, et de le faire elle a su soudain la fin prochaine de cet amour. Comme quoi les chemins d'écrire portent en eux quelque chose de vertigineux. Comme quoi écrire pour Annie Ernaux, c'est ouvrir autant que saisir les chemins à vivre.
Mais que ce texte est court malgré toute la réflexion portée.

Conseillé par (Libraire)
1 mai 2022

Sauvagines

Raphaëlle, garde forestière dans la région du Kamouraska au Québec découvre sa chienne Coyote prise dans les pièges illégalement posés d'un braconnier.
Plutôt que de suivre la procédure habituelle, furieuse et horrifiée des souffrances infligées à sa chienne, elle détruit les pièges et commence à enquêter. Mais de traqueuse, elle se retrouve traquée...
Heureusement, elle est entourée de Lionel, son père spirituel qui l'accompagne dans ses recherches.
Aussi, rencontre-t-elle Anouk, aussi solitaire et sauvage qu'elle. Ainsi vont-ils tous trois se soutenir dans l'épreuve terrible et nécessaire qui vient.
C'est un très beau roman, engagé, militant, plein de finesse et de sensualité. Si vous avez aimé Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba, vous adorerez Sauvagines.

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13 avril 2022

Le parfum des fleurs la nuit

Leila Slimani accepte cette commande de Stock pour la collection Ma nuit au musée. Elle se rend cependant un peu à reculons à la Pointe de la Douane à Venise, de ne pas se sentir à l'aise avec l'art contemporain, de penser au roman en cours d'écriture aussi.
Elle erre, se confronte aux œuvres de l'exposition Luogo e Segni ( lieu et signes) et peu à peu affluent les souvenirs du père, le choix de l'exil. Surgit une réflexion profonde et sincère sur l'écriture, la sienne, sa fonction même.
On perçoit l'être de contradiction, d’ambiguïté que l'auteure est. On saisit la femme assoiffée d'indépendance, de liberté.
Et le lien aux œuvres se dessine peu à peu. De les lire, on imagine les voir.
C'est un ouvrage troublant, très agréablement surprenant.

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9 avril 2022

Microfictions 2022

Deux pages, c'est la moyenne que forment les cinq cents histoires.
S'y exposent, se devinent, se livrent les quotidiens, pas si banals d'êtres parfois sans noms dans une brièveté comme une extraction éphémère de leur essence.
Ça vire parfois à l'étrange voire à la tragédie.
La façon d'écrire chaque microfiction diffère, collant à la situation ou au regard d'un des personnages, offrant une dynamique toujours nouvelle et déstabilisante.
Ces histoires disent des êtres qui pourraient être chacun d'entre nous, dans nos vies aujourd'hui, dans ce qui se décide ou se subit du monde tel qu'il s’impose à nous, avec la présence souvent des moments confinés.
C'est dense, éprouvant parfois. Cela peut aussi se révéler drôle, souvent caustique. Des instantanés à lire qui forment un roman mosaïque.