Un roman noir dense, tentaculaire, à l'image de la ville de São Paulo, théâtre du pouvoir corrompu, où splendeur et misère cohabitent de façon inéluctable.
Brazilian Psycho embrasse quinze années de paysage politique fluctuant, jusqu'à l'élection de Bolsonaro, dévoilant avec une précision journalistique la partie immergée de l'iceberg.
Depuis les entrailles de la favela jusqu'au rooftop chic où nagent les pires requins de la finance, Joe Thomas donne vie à une foule de personnages passionnants, aux trajectoires chorégraphiées à la perfection.
Les fans de James Ellroy et de Don Winslow seront ravis.

On m'aurait présenté ce roman à l'aveugle je n'y aurais vu que du feu, je n'aurais pas deviné son auteur.
À Carson Mills, petite ville tranquille aux États-Unis, le Mal, dans sa forme la plus pure, s'est frayé un chemin. Le premier chapitre est d'une violence inouïe, parce qu'il nous prend par surprise, et que le ton est doux, pictural, évocateur.
L'écriture de Maxime Chattam est magistrale, c'est comme s'il nous chuchotait son histoire dans la grande tradition du conte oral. La narration ne faiblit pas un seul instant. Elle est posée, puissante, enveloppante, orchestrée de façon à ce que le lecteur se fonde dans le récit.
Et comme j'adore les comparaisons douteuses, je ne vais pas me gêner pour vous dire qu'en lisant ce roman, j'ai eu l'impression que Stephen King avait signé chez Gallmeister.
Maxime Chattam, le plus américain des auteurs français ?

Si vous cherchez une intrigue prenante dès les premières pages, passez votre chemin. Ici, tout se met en place avec une lenteur déconcertante au premier abord, mais finalement pleinement justifiée. C'est un monde entier qui se construit, pierre par pierre, où chaque interaction a son importance. On rencontre au début un enfant de six ans sans grande consistance, on referme le livre en quittant un adolescent loyal, attachant, au début d'un long apprentissage et au seuil de la mort. On gage qu'à la fin de la saga, on aura vécu toutes ses aventures à ses côtés, comme s'il était un ami.

Comédie noire musclée et décoiffante, Shit ! nous entraîne dans le quotidien effarant des habitants d'une cité à Besançon, et plus particulièrement de Thibaut. CPE dans un collège sensible, discret, droit dans ses bottes et socialiste de cœur, il se fait victimiser en permanence par les mecs de son immeuble. Pour cause, il est le seul Blanc, et il habite juste en face du quartier général des deux frères qui gèrent le plus gros du trafic de drogue de la ville. Jusqu'à ce que ces deux-là se fassent refroidir par la concurrence, laissant derrière eux un commerce florissant à céder, marchandise et liquidités incluses. Se sentant l'âme d'un jeune entrepreneur, notre héros se lance alors dans une aventure qu'on suit avec jubilation.
À nouveau, Jacky Schwartzmann s'en donne à cœur joie et tape sur tout ce qui bouge : la gauche, la droite, la racaille, les bobos, les vegans. Ici, pas de langue de bois, juste une réflexion intelligente sur une réalité sociale quasiment insoluble, enrobée d'un humour grinçant et totalement décomplexé.

Certains vont le détester, ce roman. Bizarre, chelou, déstabilisant, mais-oui-mais-la-passe-miroir, blabliblou.
Je l'ai aimé de façon viscérale, un peu comme un souvenir douloureux qui fait malgré tout partie de notre architecture intérieure.
Je ne vous fais pas de résumé, il n'y en a pas non plus sur la quatrième de couverture, c'est voulu, on entre dans ce roman vertigineux à tâtons, avec excitation et appréhension, un peu comme un élève de 6ème le jour de la rentrée.
Christelle Dabos a tout saisi de la cruauté de l'adolescence, mais aussi de sa beauté.
Drames et cataclysmes intérieurs se jouent entre victimes, bourreaux, acteurs et spectateurs. Liés par des règles et un même lieu figé dans l'espace-temps, entre des murs vivants, impitoyables, qui respirent, ricanent et s'apprêtent à tout broyer.
Nous avons tous connu cet espace-temps qui n'existe que dans l'enceinte d'une école. Au-delà, il n'y a rien. Tout se joue Ici, et seulement Ici.