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Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Ses plus beaux textes

Delachaux et Niestlé

38,90
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21 novembre 2016

Paul Géroudet naît en 1917 à Genève. Instituteur, il enseigne pendant plus de vingt ans, mais continue de s'adonner à sa passion de la nature et des oiseaux apparue dès ses quinze ans. Totalement autodidacte, il deviendra l'un des plus grands ornithologues francophones et donnera l'envie à beaucoup de le suivre dans cette voie. Ce beau livre est un hommage à Paul Géroudet décédé en 2006 : il comprend une biographie, un interviouve, des hommages et une publication de ses textes poétiques sur les oiseaux illustrés par Jean Chevallier.

Très beau livre pour qui s'intéresse aux oiseaux, les illustrations sont superbes et les textes de Paul Géroudet également : de vrais poèmes en prose qui parlent des oiseaux, de la manière dont il les a vus, photographiés, des environs, du temps, des paysages. Une ode à la nature et aux oiseaux. Je me suis plus particulièrement attardé sur cette grosse partie, magnifique qui parle des oiseaux que l'on peut voir dans nos jardins (rouge queue, chardonneret, sitelle torchepot, mésange...) et d'autres que l'on voit moins souvent (aigle royal, grand duc, ...)

On en apprend également plus sur la vie de Paul Géroudet qui la consacra à écouter, photographier, répertorier et même à "écrire" le langage des oiseaux. Son œuvre est vaste et reconnue, publiée chez Delachaux et Niestlé qui font paraître là, un ouvrage absolument superbe.

Conseillé par
21 novembre 2016

coup de coeur

Du changement dans la continuité pour Yeruldelgger. De la continuité, parce qu'il est toujours question dans cet excellent polar de la société mongole écartelée entre la tradition représentée par les nomades et la plus grande modernité sous les traits des hommes et femmes qui ont "réussi". Les nomades résistent, difficilement certes, puisque les steppes diminuent, fouillées, creusées, remblayées, défigurées par les exploitants miniers étrangers. Certains urbains reviennent même au mode de vie de leurs ancêtres, ceux que Ian Manook appelle les bonos (bourgeois nomades), Yeruldegger en tête et Tsetseg. Mais les nomades ont quasiment disparu, étouffés par l'ancien régime qui ne voulait plus des traditions ancestrales. Du changement parce que Yeruldelgger n'enquête pas, les affaires arrivent à lui et il se contente de les attirer et de faire le lien entre elles, involontairement : c'est lui qui permettra de relier entre eux tous les morts de la steppe et les disparitions de jeunes femmes. Il n'est plus flic, n'en a plus envie même s'il a gardé d'anciens automatismes, mais il lutte durement avec lui-même pour ne plus céder à la violence.

Ce sont donc d'autres flics qui vont se charger d'enquêter un peu partout dans le monde tant les intérêts financiers sont désormais internationaux ; en Australie, aux États-Unis, au Canada et en France où l'on retrouvera avec plaisir Zarzavadjian dit Zarza, le flic-barbouze ami de Yeruldelgger. Le roman est toujours dur comme l'est la société mongole décrite par Ian Manook, la violence y est omniprésente, la corruption, toutes les magouilles possibles et imaginiables -voire même des inimaginables-, l'extrême pauvreté côtoie la plus indigne richesse ; mais cette fois-ci, ce n'est pas Yeruldelgger qui est à l'origine du déferlement de fureur. Ian Manook apporte beaucoup d'humour grâce aux enquêteurs extérieurs -parce que Yeruldelgger il faut bien l'avouer n'est pas franchement un comique. Le duo le plus drôle est le new-yorkais, Pfiffelman et Donelli qui s'affrontent à coup d'informations diverses et variées sur l'origine de la ciboulette, la vraie recette du cheesecake... Les autres ne sont pas mal non plus, l'humour est parfois direct, d'autres fois à lire entre les lignes, l'ironie est bien là, présente dans le name-dropping (le "lâcher de noms") de marques, importantes pour ceux qui veulent paraître.

J'ai eu peur de ne pas aimer ce dernier opus puisque son héros récurrent -qui m'a fait grand effet depuis le début- est en second plan, or, j'ai adoré, je vais même tenter de rester sobre pour ne pas sombrer dans un dithyrambe qui ne le servirait pas, mais sachez quand même qu'une fois ouvert, ce roman est impossible à lâcher, vous l'emporterez partout avec vous. Sans rien vouloir dévoiler, je peux dire que c'est sans doute mon tome préféré des trois déjà parus (mais, je dis cela sous toute réserve, car si je relisais les deux premiers, peut-être je réviserais mon jugement). Je le trouve beaucoup plus fort, il va encore plus loin dans le constat de la société mongole qui part à vau-l'eau sans que personne ne réagisse sauf pour piller ses richesses. Je ne sais pas ce qui est de la réalité et de la fiction, mais traduit en mongol, je ne suis pas sûr que ce livre plaise aux dirigeants du pays... Je ne sais pas si Yeruldelgger reviendra pour une autre aventure -ou alors totalement changé, soit une sorte d'enquêteur-nomade, soit encore plus énervé qu'avant-, je ne parierais pas sur son retour ; j'en serais désolé, mais dans le même temps, il se dégage de ce troisième tome une telle atmosphère, un tel sentiment de boucle bouclée, une telle force, que finir dessus me paraîtrait presque naturel.

Cette troisième aventure de Yeruldelgger pourra dérouter pas mal de lecteurs, tant je la trouve différente des autres, et c'est exactement cela qui me plaît : ne pas réécrire sans cesse le même roman, changer tout en gardant l'essentiel.

Conseillé par
21 novembre 2016

Ce qui marque avant toute chose, c'est le style de l'auteur. Résolument moderne et oral. Brutal parfois, direct et poétique. J'ai peu de références en la matière, mais je le rapprocherais d'un écrivain étasunien dont j'ai lu quelques livres, Larry Fondation. C'est âpre, rugueux et ça dérange. Heureusement que le livre est court et aéré, 500 pages du même calibre et j'aurais sans doute abandonné, mais je dois dire que le rythme, le style, et l'énergie qui se dégage m'ont largement tenu jusqu'au bout.

Ce sont les propos et la vie d'un homme qui a sans doute eu de l'espoir en 1989 et qui n'en a plus. Il a toujours vécu dans le lotissement préfabriqué, n'en est que peu sorti et n'espère plus grand chose de la vie. Les espoirs sont derrière lui, oubliés avec la came et la taule. Lorsqu'il parle avec ses copains de boisson, on se rapproche des brèves de comptoir, qui parfois sont plus profondes qu'il n'y paraît : "Quand t'es jeune, tu détestes ton père. Et plus tu vieillis, plus tu lui ressembles. Et pour finir t'es la même brute que lui. La vie, c'est rien que des mystères cosmiques, pas vrai ?" (p.85)

Voici donc la vie d'un néoextrémiste, mal dans sa peau, violent et irritable. Un type ordinaire totalement perdu dans le monde contemporain qui va trop vite pour lui. Il sait d'où il vient, mais tout a tellement changé vite qu'il ne sait plus où il est, où il va et ce qu'il va transmettre à son fils. Alors, il transmet ce qu'il connaît bien : la peur de l'autre, la violence : frapper avant de se faire frapper. Pour lui la paix n'est qu'une période entre deux guerres. Il s'inscrit totalement dans la montée des fanatismes et des extrémisme à laquelle on assiste depuis plusieurs années un peu partout en Europe, en France itou, puisque nous avons l'un des -sinon le- partis d'extrême droite le plus fort.

Jaroslav Rudis met tout cela en mots très brillamment. Vandam n'est pas tout noir, ce serait trop facile. Il n'est pas vraiment fréquentable, certes, il est perdu, largué. La lecture est dure mais belle et rapide, et si certains passages sont un peu longs, eh bien on les passe vite pour se retrouver quelques pages plus loin.

Mirobole m'a habitué à des textes forts, barrés, décalés, ce roman ne déroge pas à cette règle. Dérangeant et pas confortable. Bonne pioche pour la maison d'édition.

Flamant Noir

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21 novembre 2016

Retour de l'équipe de Boris Le Guenn découverte il y a dix-huit mois dans "Burn-out". Enfin, retour, pas vraiment puisque "Ad unum" se déroule avant "Burn-out" et a préalablement été publié aux éditions Les 2 encres en 2011. Comme "Burn-out" est un très bon roman, l'idée de rééditer -après révision par l'auteur- de "Ad unum" est excellente, et je félicite l'éditrice de l'avoir eue.

Assez classique dans la forme, d'un côté les policiers qui travaillent dur et avancent lentement et de l'autre côté le "chef" des tueurs qui se dévoile par retours en arrière, ce roman se suit sans problème, la tension monte, et plus on avance plus l'intrigue se dévoile en même temps que des points obscurs apparaissent, qui seront bien sûr éclaircis par les policiers. Si vous aimez les polars bien construits, réalistes, menés de bout en bout par un écrivain qui sait nous balader et nous raconter son histoire, n'hésitez pas, vous en avez un là.

Mais ce qui fait la force des récits de Didier Fossey, c'est que c'est un ancien flic et qu'il sait de quoi il parle, les termes sont clairs et précis - pas question de mandat par exemple, mais plutôt de commission rogatoire -, on est donc en plein réalisme, pas de risque de se croire dans un énième roman policier calqué sur un autre énième... L'autre point important dans les deux romans de Didier Fossey, c'est que la plus belle partie de ses écrits est consacrée à ses personnages. L'humain avant tout, le travail d'équipe, les relations entre les flics, entre les flics et la magistrature, entre les flics et leurs familles. A quelques détails, on sent le vécu, comme les croissants apportés par le chef pour consolider l'esprit d'équipe, mais bien d'autres encore... Une bien belle équipe que l'on a plaisir à retrouver même si l'on lit ses aventures à l'envers - en fait, chaque opus peut se lire indépendamment.

Un polar sérieux, réaliste, mené à un rythme assez rapide pour plaire à tous, des beaux personnages bien décrits dans leurs forces et leurs faiblesses, je dis bravo et vivement la suite - ou le début parce que je crois qu'il y en a encore un avant...

Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent

1

Gallimard Jeunesse

20,50
Conseillé par
21 novembre 2016

Pénélope Bagieu est active sur un blog hébérgé par Le Monde et qui s'appelle Culottées. Elle y raconte la vie de "femmes qui ne font que ce qu'elles veulent". Une femme à barbe, une Apache guerrière, Joséphine Baker, une travailleuse sociale, une gardienne de phare, ... Toutes ont en commun de ne s'être pas résignées et d'avoir combattu les préjugés masculins sexistes. Cette bande dessinée est la version papier du blog pour des gens comme moi qui préfèrent lire avec la bonne vieille méthode.

Bon, je dis des gens comme moi, mais en fait cet album ne m'appartient pas, c'est mademoiselle ma fille qui l'a rapporté en rentrant un ouiquende. J'aime beaucoup la couverture et aussi l'intérieur du livre. De toutes ces femmes, je n'en connaissais que très peu, Joséphine Baker et c'est à peu près tout. Puis, en lisant, je me suis souvenu de certaines d'entre elles : Annette Kellerman (sirène), Leymah Gbowe (travailleuse sociale) et Wu Zetian (impératrice). Pour les autres, eh bien j'ai appris leur existence en même temps que leur parcours.

Pour chacune de ses héroïnes, Pénélope Bagieu dessine une courte biographie, souvent drôle, parce qu'il n'y a pas de raison d'informer dans la tristesse et le solennel. C'est ça qui est bien chez la bédéiste, c'est qu'à chaque fois, elle réussit à nous faire sourire avec des vies de femmes qui se sont élevées et ont combattu souvent contre les hommes, simplement pour exister et vivre ce qu'elles avaient envie de vivre. Si le propos n'est pas drôle, alors c'est le dessin qui fait sourire. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Pénélope Bagieu ne se moque pas d'elles, au contraire, elle les met en avant et montre bien qu'une femme dès lors qu'on lui en laisse la possibilité réussit aussi bien qu'un homme dans tous les domaines. J'aime bien le ton général des BD de Pénélope Bagieu, j'avais aimé Joséphine, et aussi les films avec Marilou Berry dans lesquels le ton y était.

Une bande dessinée excellente, féministe diront certains avec ce petit air ironique, moi je dirais simplement humaniste, puisque comme pour les grands hommes on dit qu'il y avait des femmes derrière eux, eh bien derrière ces grandes femmes, il y avait un homme derrière elles... ou d'autres femmes d'ailleurs dont l'auteure parle aussi.