Albertine
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Sous le pseudonyme d'Albertine, hommage à Marcel Proust, se dissimule une Joëlle passionnée de lecture depuis l'enfance. Mon appétit d'ogresse pour les mots, les histoires, les voyages à travers les pages ne s'est pas atténué avec les années. Je marche au coup de cœur, guidée par ma curiosité qui m'incite toujours à découvrir de nouveaux écrivains, à explorer de nouveaux genres. Je navigue entre romans policiers, fresques historiques, livres feel-good et essais sur l'actualité, au gré de mes humeurs et des rencontres avec certains auteurs. Participer à Dialogues Croisés, c'est partager ce bonheur de lire et avoir l'opportunité de mettre dans la lumière des « pépites » littéraires.
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Pour pleinement apprécier ce récit, il a fallu que" j'ajuste ma focale" de lecteur. M'ayant été proposé comme un roman policier, j'avais déjà en tête une "grille de lecture". Il est vrai que la quatrième de couverture évoque un squelette mis au jour en drainant un étang. Il pourrait s'agir de lady Beresford, disparue vingt ans plus tôt à Darlington dans le Nord de l'Angleterre. Son corps, un poignard fiché dans la cage thoracique, n'aurait jamais été découvert si au printemps 1824 ne se construisait la première ligne de chemin de fer. Cet étang, situé sur le tracé, doit disparaître pour que le chantier puisse se poursuivre. Ce cadavre est bien embarrassant, il réveille de vieilles histoires, révèle de sombres secrets et freine aussi la "marche" du progrès.
La recherche de l'assassin ne va pas constituer, loin s'en faut, le fil conducteur de la narration. Jean-Pierre Ohl nous décrit surtout l'Angleterre au temps de la révolution industrielle, à une époque charnière où le progrès est vu d'un mauvais oeil par les hobereaux de province, par les plus pauvres qui n'en ressentent aucunement les bienfaits, mais séduit certains capitaines d'industrie peu scrupuleux. Cette peinture, extrêmement détaillée, rappelle les romans d'Anthony Trollope. Je n'ai pas saisi toutes les allusions historiques, faute de connaissances suffisantes.
J'ai préféré aux références historiques le point de vue des multiples personnages sur cette année 1824. L'histoire se déroule à Londres et à Darlington. Dans la capitale, nous suivons Charles Dickens, âgé de douze ans, dont la famille est en prison pour dettes et qui gagne quelques sous dans une fabrique de cirage. Nous entrons aussi dans l'intimité de Leonard Vholes, par le biais de son journal intime. Le lien que cet individu assez inquiétant entretient avec les Beresford se précise tout au long du roman. A Darlington, Edward Bailey, trentenaire plus connu pour sa propension à faire la fête que pour ses talents de notaire, est nommé juge de paix, en charge d'élucider l'affaire du squelette de l'étang. Il forme un duo très plaisant avec Snegg, son clerc de notaire. Rien n'est fait pour leur faciliter la tâche tant les intérêts en jeu sont multiples. Coincés entre les tenants du progrès et ceux qui sont persuadés que le chemin de fer est celui du diable, ils avancent vaille que vaille à la recherche de la vérité. L'affaire intéresse aussi les ouvriers et nous permet d'en découvrir quelques-uns.
Je me suis perdue dans ce roman d'une grande richesse, ne parvenant plus à certains moments à identifier les nombreux personnages, égarée entre toutes les pistes narratives : enquête policière, hommage au roman gothique, peinture à la Trollope. Cette abondance a fini par me submerger, et pourtant l'ensemble est très bien écrit et parfaitement construit.
Une lecture en demi-teinte