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Gwenaëlle

http://skriban.wordpress.com/

Tombée dans les livres dès l'enfance, je suis aujourd'hui toujours passionnée par l'écrit. Ecrivain public, j'aide les autres à mettre en forme leurs idées. Blogueuse, je partage mes coups de cœur littéraires. Maman, je lis des histoires à mes enfants... Vous pouvez me retrouver surSKRIBAN

Gallimard Jeunesse

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11 janvier 2011

Un enchantement!

Will est un jeune britannique qui passe quelques jours de vacances avec sa mère, dans un hôtel au bord de la plage, en Indonésie. Le matin où il réalise enfin son rêve – une promenade à dos d’éléphant – il se rend compte soudain que l’animal a un comportement étrange. Nous sommes le 26 décembre 2005 et un tsunami s’apprête à ravager la côte. Brutalement, comme si elle avait depuis longtemps flairé le danger, Oona, l’éléphante, quitte la plage, s’enfonce dans la jungle à toute vitesse et court, court, à perdre haleine, Will cramponné sur son dos.

Sauvé des eaux, in extremis, par l’immense animal, Will comprend très vite que sa survie dans ce monde hostile et inconnu dépend d’Oona. Les jours passent, l’enfant et le pachyderme avancent. Peu à peu, le jeune garçon apprend à connaître l’animal et le monde de la jungle. Mutuellement, ils s’apprivoisent. Incapable de retrouver son chemin vers la civilisation, Will apprend à faire comme l’éléphant : mettre de côté tout espoir de retrouver les siens et survivre au quotidien. Quand il retrouvera le monde des humains, ce sera pour tomber aux mains d’ignobles braconniers, avides de sang et d’argent.

Michael Morpurgo a écrit une histoire tout simplement merveilleuse. J’ai chipé le livre à mon fils, qui ne l’a pas encore lu. J’ai commencé à le lire en début d’après-midi et quelques heures plus tard, j’étais arrivée au bout de ce superbe roman qui vaut tous les discours écologistes. Et encore, je me suis freinée… Un superbe plaidoyer pour le monde animal, son intelligence, sa beauté. Un livre qui emporte et qui fait réfléchir. Un roman marquant qui fait rêver.

Alors, offrez-le, lisez-le, relisez-le, étudiez-le en classe! Mais surtout, ne passez pas à côté!

Joëlle Losfeld

Conseillé par
11 janvier 2011

Sur la couverture de ce roman, c’est l’œil en gros plan d’une vache que l’on voit. Un œil sombre, ourlé de poils blancs qui ressemblent à des herbes folles sur une dune. Car c’est une vache qui ouvre ce récit. Ou plutôt sa disparition. Gareth se lance alors à sa recherche, par une chaude journée d’été. Suivant des pistes, remontant le cours de ses pensées, sa recherche se mêle aux soucis qu’il éprouve, pour sa femme, pour sa ferme, pour tout ce à quoi il tient.

C’est un livre au motif presque futile mais pourtant très attachant. L’écriture, ample et sereine, y est pour beaucoup car on est tout de suite dans les pas de Gareth et très vite, cette ferme, cette vie, c’est un peu la nôtre. Il faut accepter de le lire comme on suit des pensées qui dérivent, passer du Lapin à la Roue du tracteur et de la Taupe aux Canards, car telles sont les têtes de chapitre… pour finir par revenir, le soir, en compagnie de Gareth qui aura retrouvé sa vache.

"Elle voit le chat couper avec ruse par la pelouse. Cela fait longtemps que les enfants tourmentent le chat de leurs actes de terrorisme doux. Pour se défendre, il avait adopté une forme de cynisme placide, un peu bourgeois ; de plus, comme il ne décolérait pas de s’être fait couper les bonbons, il arpentait la ferme à pas lents, pour braver son émasculation, tel un tigre : c’est une arme formidable, dans la nature, de donner l’impression qu’on peut déposer un poids considérable tout en douceur."

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30 novembre 2010

Le héros de cette histoire doit à la fréquentation assidue de quelques numéros de Géo son désir de voyager et son entrée dans une carrière de fonctionnaire diplomatique. Il espère gravir rapidement les échelons, se faire bien voir de ses supérieurs et connaître très vite la joie de travailler dans une ambassade. Son impatience d'être remarqué va être rapidement comblée : l'attaché-case offert par sa mère et qui peut contenir "deux dictionnaires, un casse-croûte, une paire de rollers, un siège pliant et une lampe à gaz avec sa recharge", se retrouve, malencontreusement, sur le chemin du chef de service qui s'étale de tout son long. Blessé, humilié, ce dernier décide aussitôt de se venger en expédiant l'impétrant sur le "front russe", une antenne du ministère, délocalisée dans le XIIIème arrondissement. Là, notre homme va tenter de sortir de cet exil forcé... Il va y parvenir mais sa réussite ne sera que de courte durée et il sera bientôt ré-expédié dans la section des pays en voie de création... Vie et mort cérébrale d'un petit fonctionnaire qui concluera ainsi son récit : "L'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec".

Un roman drôle, étonnant, dont le personnage principal, gaffeur lunatique et poète à l'insu de son plein gré, séduira les lecteurs adeptes de piquantes nouveautés... Prévoyez quelques fous-rires...

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2 novembre 2010

Peut-on vraiment parler de faits divers pour évoquer ce qui a inspiré cette histoire à Thierry Beinstingel? La mort est-elle un fait divers? Surtout lorsqu’il s’agit s’agit du suicide de plusieurs salariés d’une même entreprise? Ne s’agit-il pas plutôt d’un symptôme d’une société en pleine décomposition, où l’humain n’est plus que le sous-produit du capitalisme?

Le héros de cette histoire était électricien. Il travaillait avec ses mains. Et puis, là-haut, dans une sphère financière très fermée, des quidams ont décidé de supprimer des services, des postes. Il a fallu se reconvertir. Alors, il est devenu télé-opérateur. Affublé d’un prénom qui n’est pas le sien, il répond inlassablement aux appels des clients, selon un schéma pré-établi, creux à force d’être répétitif. Des mots vides débités toute la journée… comment ne pas devenir fou? Comment ne pas être tenté de faire comme ces collègues qui ont brutalement mis fin à leur vie?

Voilà ce que raconte Retour aux mots sauvages. Comme rester humain dans une société qui s’efforce d’être uniquement productive, efficace, ordonnée, hygiénique? Un monde où la vie n’a plus le droit de s’exprimer qu’à la marge? Thierry Beinstingel met le doigt sur les fissures qui lézardent notre société et dit avec des mots simple la détresse humaine de ceux qui sont niés par le processus, les objectifs, les consignes. C’est à mon sens, un livre engagé car il dénonce ce bonheur en carton-pâte qu’on voudrait nous faire gober, celui d’une société marchande qui voudrait tous nous transformer en boulimiques compulsifs, en un grand système digestif et nous priver ainsi de ce qui nous rend si différents.

Un livre à mettre entre toutes les mains.

"A moins que ce voyeurisme de la mort montre seulement la sauvagerie et la perversité des rapports humains. Peut-être valoriser son propre corps en le découpant en actions à vendre est-il la seule manière qui reste l’homme libéral pour atteindre la postérité. Enfin rompre l’identité du corps. Le dépecer sur une table métallique. Un employé heureux est plus performant, un salarié malheureux ne crée pas de valeur : phrases réelles, publiées lors de tristes événements, autant de preuve d’un totalitarisme entièrement dévoué au profit, corps et âme."

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9 octobre 2010

Léo, pas encore la trentaine, évolue dans un monde qui n’est ni tout à fait le sien, ni tout à fait un autre. A mi-chemin entre rêves et fantasmes, ce jeune homme n’en finit pas de se bercer d’illusions. C’est sûr, un jour on reconnaîtra son talent, il sera écrivain…

Pour le moment, il rame. Et malgré tous les subterfuges employés pour tordre une réalité qui ne lui est pas favorable, il est bien obligé de chercher du boulot. Ce faisant, il s’embarque, bien malgré lui, dans une histoire rocambolesque qui l’amène à côtoyer les puissants de ce monde et à découvrir que ce monde, justement, pue comme un vieux claquot…

Outre la difficulté de résumer ce livre, qui part un peu dans toutes les directions, je vais devoir me coltiner la désagréable tâche de ne pas en dire que du bien… Après avoir passé le barrage des premières pages – tellement travaillées que la prose en devient alambiquée et urticante pour le lecteur- je suis entrée dans l’histoire et j’ai suivi, avec un certain plaisir, les circonvolutions – réelles ou imaginaires – de Léo, appréciant la manière dont l’auteur nous faisait sauter du rêve à la réalité, ou bien de délire en délire, jusqu’à ce que le réel bouscule le personnage au point de le tirer de sa rêverie. Et nous aussi. Mais quand l’histoire a commencé à virer du côté du polar, là, mon intérêt s’est mis à patiner… J’ai décroché. La théorie du complot, d’accord mais alors avec quelques éléments pour l’étayer… Là, on se contente de vaguement effleurer une possible organisation «sous-marine» qui viserait à prendre le pouvoir pour protéger et servir ses intérêts. Mais l’histoire ne va pas au-delà des généralités qu’on peut entendre, ici ou là, en tout cas pas plus loin que le café du commerce.

Ce qui m’a vraiment dérangée, dans ce roman, c’est le manque de consistance des personnages secondaires. A part Léo, désinvolte et défait, qui n’est pas sans rappeler l’Hippolyte d’Un monde sans pitié, les autres personnages souffrent cruellement d’un manque de chair. Ils existent à peine. On dirait des caricatures, des stéréotypes, échappés d’une BD. Le patron, méchant très méchant sous une couverture de gentil, son bras droit, Cruella malgré elle, et tous les sous-fifres qui ont à peine un rôle de figurant : on n’y croit pas une seconde. Et les ex-copains de Léo, cette bande de jeunes qui rêvait – mais de quoi, on n’en sait rien – aussi épaisse que de la barbapapa… Quant à ces soirées «people» où Léo se rend, elles n’ont pas plus de vraisemblance que ce qu’en montre un instantané dans Paris-Match. Enfin, les deux agents de la Sécurité du Territoire sont à peu près aussi crédibles que Dupont et Dupond… Mais peut-être est-ce là une forme de clin d’œil?

En définitive, j’ai eu du mal à terminer ce roman. Et j’en suis désolée car c’est là le premier roman d’Erwan Lahrer et j’aurais aimé en dire du bien. Un premier roman, c’est un peu comme un premier enfant… on voudrait que tout le monde le trouve superbe. Malheureusement, question de style ou d’humeur, je n’ai pas pu m’accorder avec son histoire et la partition n’a pas résonné très harmonieusement à mes oreilles… Néanmoins, on sent qu’il y a, derrière l’écriture, un style, quelque chose de nerveux, des possibilités qui ne demandent qu’à s’exprimer… et qui ne peuvent que se bonifier avec le temps et l’expérience. A suivre, donc…