Chronique
Chronique d'une vie, celle de Gonzalo, qui se rêve poète. On suit son chemin sinueux et plein de rebondissements, la découverte - adolescent, de la sexualité avec la très belle Carla, puis plus tard de la paternité. Il nouera une relation forte quoique distendue avec le fils de Carla. Ils seront liés par la même sensibilité, pour la littérature, et en particulier la poésie.
Alejandro Zambra dresse le portrait d'un homme, d'un pays - du Chili après Pinochet, et de cet amour inconditionnel pour la poésie. Une chronique ample et galopante, tantôt crue, tantôt drôle et sarcastique qui raconte la vie, ses passions, ses contradictions et tout ce qui vaut la peine d'être vécue.
Combatif
Voici un récit déchirant, celui de Samuel devenu docteur en psychopathologie, qui raconte sa mère, avec qui il entretient une relation compliquée. Puis le deuxième récit, celui de la mère, qui révèle les maltraitances ignobles, les privations, l'abandon total, le renoncement dont elle a été victime enfant. Ce passé, Samuel ne le découvrira que tardivement, devenu adulte. Un pan d'ombre s'éclaire quant à la personnalité complexe de sa mère. Un long chemin se dessine, celui de la culpabilité puis du pardon. Le récit de Samuel Dock est courageux et digne.
Laura Alcoba poursuit son œuvre autobiographique - passionnante. Ici, les souvenirs diffus de sa prime jeunesse, de ses années bousculées et terribles en Argentine du temps de la dictature. Née dans la clandestinité, l'enfance de Laura Alcoba sera heurtée par les va-et-viens incessants avec ses parents et grands-parents, la fuite, la peur de mourir. Ils vivent cachés et ce d'autant plus quand son père sera arrêté comme prisonnier politique. Elle et sa mère seront alors accueillis par un jeune couple dans une maison - dite "la maison aux lapins", qui elle aussi sera frappée par la clandestinité puisqu'elle abrite une imprimerie secrète. Elle y restera quelques temps avant l'exil pour la France.
Une jeunesse silencieuse se dessine : on est frappé par la maturité de cette petite fille qui comprend très vite la situation. Le silence sera de mise, un pacte tacite semble scellé entre elle et ses proches, ainsi que ses camarades.
Le très beau "Les rives de la mer douce" de Laura Alcoba émeut par sa justesse et sa grande sensibilité. Une lecture qui ne peut que susciter l'envie de lire ses autres écrits.
Ne pas oublier
S'inspirant de faits réels, particulièrement révoltants, Dolen Perkins-Valdez réussit un roman fort et édifiant.
1973 en Alabama, Civil Townsend jeune diplômée, est embauchée au planning familial de Montgomery. Afro-américaine, issue d'un milieu social favorisé - son père est médecin, droit et dévoué à ses patients.
Civil est sur la même ligne, elle est très investie au sein du planning familial et fait tout ce qu'elle peut pour aider ces femmes en grande détresse. Lorsqu'on lui enjoint d'administrer des injections à deux mineurs, dont une n'est pas encore réglée, elle commence à sérieusement douter...
Dolen Perkins met en lumière par le biais de la fiction l'iniquité et la monstruosité dont on fait preuve les autorités lorsqu'il s'est agit de stériliser abusivement des fillettes, et des jeunes filles Afro-américaines pour la plupart, vivant dans une très grande précarité.
Construit telle une enquête, on suit le parcours de Civil Townsend, personnage fictif, qui au fil des pages va prendre fait et cause pour ces jeunes filles. Elle vouera sa vie pour leur rendre justice, faisant preuve d'une totale abnégation. L'objectif de l'auteur est atteint : informer et ne jamais oublier.
Caverneux
C'est poisseux : on sent d'emblée l'humidité marécageuse du Bayou où des démons et autres créatures seraient tapis dans l'ombre.
C'est peu dire que l'auteur, Andy Davidson a le don de planter le décor. Et nous voilà, pauvre lecteur effaré, pris dans les tourments de cette histoire caverneuse.
Pour tous les adeptes du genre, foncez donc le lire, le charme opère très vite !