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Partir un point c'est tout
EAN13
9782267021516
ISBN
978-2-267-02151-6
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Littérature étrangère
Nombre de pages
196
Dimensions
20 x 12 x 1,6 cm
Poids
198 g
Code dewey
850
Fiches UNIMARC
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Indisponible
Partir, un point c’est tout est le premier roman de Verónica Pérez Vega. D’inspiration autobiographique, il n’est pas une autobiographie mais bel et bien un roman. Une auto-fiction ? Peut-être, mais collective : celle d’une famille déchirée, d’un cercle d’amis séparés, d’un pays dont les habitants sont disséminés de par le monde. Peu importe l’étiquette, en fait, car c’est par l’originalité et l’efficacité de son écriture que ce livre parvient à convaincre le lecteur. Sa force réside d’abord dans le fait que le témoignage personnel ne se borne pas aux frontières de l’intime. Ce que Verónica Pérez Vega écrit d’elle et de ceux qui l’entourent en dit long sur Cuba aujourd’hui. Elle raconte un mois de sa vie, ou peut-être une année, ou toute une vie. Car le temps, à Cuba, passe lentement, très lentement. C’est en regardant les photos de la veille que l’on se rend compte qu’un jour vient de passer.

Dans le récit, les sujets s’entremêlent : les difficultés du quotidien, l’enfant qu’elle élève seule depuis que le père l’a quittée pour aller s’installer en Espagne, sa vie auprès de sa mère, seule également depuis que l’autre père absent (celui de la narratrice) est aux États-Unis, ses amis qui sont partis chercher ailleurs une vie meilleure et avec lesquels elle correspond par courrier électronique, et ses amis qui sont restés, avec lesquels elle se réunit dans des cercles alternatifs d’artistes et d’intellectuels, en marge des circuits officiels de la culture. Mais être en marge, à Cuba, n’est pas une mince affaire : la narratrice vit loin du centre de La Havane, à Alamar, une banlieue sans charme que les problèmes de transport ont rendue de plus en plus inaccessible ; son fils a les cheveux trop longs pour être l’homme nouveau que l’école cubaine veut forger ; ses compagnons d’écriture peinent à obtenir leurs autorisations de sortie de Cuba. Elle-même a commencé à écrire son roman sur un passeport périmé, sur lequel jamais n’a été apposé le visa pour les États-Unis demandé en 1993. À quoi bon, d’ailleurs ? Son père lui avait écrit, comme un signe avant-coureur : « ne viens pas me rejoindre à New York, je ne peux pas te recevoir chez moi. Va plutôt à Miami. » Ni New York, ni Miami... ce sera pour toujours Alamar.

Verónica Vega est née à La Havane en 1965. Attirée par l’art dès son enfance, elle écrit, dessine et chante. En 1993, en pleine « période spéciale », elle intègre après un examen d’entrée la troupe Teatro de la Danza, dirigée par Guillermo Horta. La crise économique la pousse à faire de l’artisanat pour survivre. Elle travaille avec du bambou et des coquillages et vend ses œuvres aux touristes. Elle se met aussi à la peinture. En 2002, faute de matériel pour pouvoir peindre, elle commence à écrire. Elle rejoint l’Atelier Littéraire de la Galerie Fayad Jamís à Alamar. La même année, elle obtient le prix de l’Essai au cours de la Rencontre Provinciale des Ateliers Littéraires. Elle est rapidement publiée dans plusieurs revues et collabore même à certaines d’entre elles, dont le Proyecto Digital Havana Times. En 2006, elle commence un projet de roman à trois mains, avec un poète cubain vivant à Cuba et une écrivaine cubaine habitant à Munich. Le projet échoue et elle décide de continuer seule le roman qu’elle intitule Partir, un point c’est tout. Elle travaille par ailleurs pour une émission radiophonique pour enfants et s’est attelée à l’écriture d’un nouveau roman.

Rarement lue car encore trop souvent victime de la censure, la littérature écrite par des Cubains non expatriés est particulièrement riche. Avec cette première publication mondiale de Partir, un point c’est tout, Veronica Perez Vega apparaît incontestablement comme l’une des voix les plus originales et les plus prometteuses de la littérature cubaine contemporaine.

Aux antipodes des cartes postales qui montrent une Havane dont même les ruines semblent belles aux yeux de certains, ce roman est un portrait vivant et complexe de Cuba. Rien ne semble inventé : ni les gens, ni les multiples références au monde cubain des arts et de la culture, ni les détails du tableau de la vie quotidienne où surgissent quelques reliquats de l’influence soviétique en même temps que la prégnance et l’attirance pour les Etats-Unis, perçus comme un eldorado, une terre de liberté malheureusement accessible pour un quota de citoyens cubains limité chaque année. Écrire un quotidien assez mélancolique sans ennuyer le lecteur, en évitant tout misérabilisme, toute complaisance : tel est le défi que Verónica Pérez Vega a su relever dans ce roman intelligent, polyphonique et dense.
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