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Quaresma déchiffreur
EAN13
9782267020946
ISBN
978-2-267-02094-6
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Littérature étrangère
Nombre de pages
546
Dimensions
20 x 12 x 3,3 cm
Poids
459 g
Langue
français
Langue d'origine
portugais
Code dewey
849
Fiches UNIMARC
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Indisponible
La prodigieuse malle laissée par Fernando Pessoa ne cesse de livrer des trésors étonnants. A présent, le poète aux diverses personnalités et aux diverses plumes, le dramaturge, le penseur, etc. nous apparaît aussi comme auteur de nouvelles policières. Cela pourrait surprendre. Mais l’écrivain a maintes fois signalé le plaisir trouvé dès l’enfance à lire Poe, Conan Doyle, Arthur Morrison and others, car ses premiers textes ont été écrits en anglais. Il y trouvait un « rare amusement intellectuel » et s’y est adonné pendant plus de vingt ans. Les premiers récits, en langue anglaise, étaient l’œuvre d’un hétéronyme, et mettaient en scène un ancien policier, Byng, alcoolique, inapte à la vie quotidienne mais raisonnant de façon infaillible. Byng, tout en conservant ses attributs principaux, est ensuite devenu, dans les textes portugais, quelqu’un de plus complexe, un médecin sans clientèle du nom de Quaresma, qui a bien des traits, physiques et intellectuels, de son créateur. Passionné par les charades, il s’intéresse tout particulièrement à celles que constituent les énigmes policières. Il les résout sans quitter son fauteuil, fort d’une méthode qu’il n’hésite pas à exposer longuement à l’occasion, qui repose non seulement sur une rigueur logique sans faute, mais aussi sur une connaissance profonde des diverses catégories de mentalités humaines.

C’est ce personnage que l’on suit au fil des 10 nouvelles réunies pour la première fois et rassemblées en recueil sous le titre de Quaresma, déchiffreur. Abílio Fernandes Quaresma est un célibataire d’âge mûr, un médecin n’exerçant pas. Il habite une petite chambre en désordre, avec une fenêtre ouverte sur les toits, par où entre la lumière de Lisbonne. Il y passe le plus clair de son temps, dans un état de demi-maladie indéfinie, végétant entre deux couvertures et lisant. Il se considère comme un déchiffreur de charades, généralement celles de l’Almanach de Souvenirs, encore qu’il préfère celles de la vie réelle. Un léger tremblement et ses doigts jaunis attestent de ses deux vices : l’alcoolisme et le tabac. Il préfère les cigares bon marché, des Peralta foncés, à 25 réis, qui contribuent à la toux cadavérique qui le prend parfois. Dans la personnalité de ce raisonneur se retrouvent de nombreux traits de caractère de Fernando Pessoa lui-même. Ceci s’explique d’autant mieux que l’écriture de ces nouvelles s’est poursuivie sur des décennies, jusqu’à la mort de Pessoa en 1935. Le personnage gagne de ce fait une individualité semblable à celle d’une personnalité littéraire proche de son créateur.

Bien que détonnant avec le reste de l’œuvre de Pessoa, on retrouve dans ce recueil la marque de l’écrivain cérébral, et aussi celle du dramaturge. Les dialogues sont enlevés, et les intrigues variées et prenantes. Toutes, ou presque, se passent dans la Lisbonne chère à l’écrivain et à son semi-hétéronyme Bernardo Soares, et s’amusent à laisser le lecteur patauger avec les policiers et les juges qui s’évertuent vainement à résoudre les énigmes avant que le docteur Quaresma ne vienne en donner la solution grâce à la seule vertu de son raisonnement.

Pessoa est né en 1888 à Lisbonne. Pendant trente ans, de son adolescence à sa mort, il ne quitte pas sa ville de Lisbonne, où il mène l'existence obscure d'un employé de bureau. Mais le 8 mars 1914, le poète de vingt-cinq ans, introverti, idéaliste, anxieux, voit surgir en lui son double antithétique, le maître « païen » Alberto Caeiro, suivi de deux disciples : Ricardo Reis, stoïcien épicurien, et Álvaro de Campos, qui se dit «sensationniste ». Un modeste gratte-papier, Bernardo Soares, dans une prose somptueuse, tient le journal de son « intranquillité », tandis que Fernando Pessoa lui-même, utilisant le portugais ou l'anglais, explore toutes sortes d'autres voies, de l'érotisme à l'ésotérisme, du lyrique critique au nationalisme mystique. Pessoa, incompris de son vivant, entassait ses manuscrits dans une malle où l'on n'a pas cessé de puiser, depuis sa mort en 1935, les fragments d'une œuvre informe, inachevée, mais d'une incomparable beauté.

INEDIT

Ce recueil passionnera tous ceux qui ont été séduits par l’univers pessoen et par la personnalité multiple de son inventeur. Mais les amateurs de littérature policière ne seront pas en reste. Ils prendront du plaisir à la lecture d’intrigues extrêmement variées et prenantes, présentées par des narrateurs divers, dont certains ont partie liée avec l’histoire qu’ils relatent. Si l’on ajoute à cela des caractères bien dessinés et un dialogue enlevé qui nous rappelle que l’art du dramaturge faisait partie de l’arsenal pessoen, nous pouvons affirmer que ce nouveau livre du grand écrivain portugais ne jure pas dans l’ensemble de son œuvre.
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