- EAN13
- 9782848055398
- Éditeur
- Sabine Wespieser Éditeur
- Date de publication
- 29/08/2024
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Autre version disponible
Emma Fulconis : on ne voit qu’elle à L’Escarène, dans cet arrière-pays niçois
où elle est née. Prompte, virevoltante, rebelle à tout, sauf au vent, elle a
toujours galopé dans les collines. Enfant déjà, on la surnommait « l’athlète
». Se moquant bien des compétitions, Emma « ne court pas relativement, mais
absolument ». Mais un jour, sa vie bascule : son ami Stéphane Goiran, avec qui
parfois elle écoute un peu de musique lors d’une halte, l’invite chez lui. Là,
à peine la porte franchie, un chien énorme se jette sur elle, et lui lacère la
jambe, ou plus exactement le péroné, également appelé « l’agrafe ».
S’ensuivent des mois d’hôpital et de rééducation, à l’issue desquels il est
clair qu’Emma ne détalera plus jamais à toute allure. Mais l’accident ne
l’arrête pas dans son élan. Hantée par la phrase du père Goiran expliquant
pourquoi il n’a pas retenu son molosse – « Mon chien n’aime pas les Arabes –,
elle tente de comprendre ce qu’elle sait déjà, mais dont on ne parle pas.
Tenace, elle va surtout trouver en elle la ressource d’un nouveau mouvement,
un tremblement d’abord, une oscillation, presque une danse immobile. Il
fallait le talent de Maryline Desbiolles, convoquant la parole des villageois
comme un chœur antique, pour nous mener, au rythme même de la course empêchée
d’Emma, sur le chemin d’une aveuglante réalité : celle d’un pays où les
blessures de la guerre d’Algérie sont tapies dans les mémoires. Pour autant,
même boiteuse, exhibant crânement sa cicatrice, jamais Emma Fulconis ne
cessera d’aller de l’avant, exerçant sur nous, de son invraisemblable grâce,
un charme puissant.
où elle est née. Prompte, virevoltante, rebelle à tout, sauf au vent, elle a
toujours galopé dans les collines. Enfant déjà, on la surnommait « l’athlète
». Se moquant bien des compétitions, Emma « ne court pas relativement, mais
absolument ». Mais un jour, sa vie bascule : son ami Stéphane Goiran, avec qui
parfois elle écoute un peu de musique lors d’une halte, l’invite chez lui. Là,
à peine la porte franchie, un chien énorme se jette sur elle, et lui lacère la
jambe, ou plus exactement le péroné, également appelé « l’agrafe ».
S’ensuivent des mois d’hôpital et de rééducation, à l’issue desquels il est
clair qu’Emma ne détalera plus jamais à toute allure. Mais l’accident ne
l’arrête pas dans son élan. Hantée par la phrase du père Goiran expliquant
pourquoi il n’a pas retenu son molosse – « Mon chien n’aime pas les Arabes –,
elle tente de comprendre ce qu’elle sait déjà, mais dont on ne parle pas.
Tenace, elle va surtout trouver en elle la ressource d’un nouveau mouvement,
un tremblement d’abord, une oscillation, presque une danse immobile. Il
fallait le talent de Maryline Desbiolles, convoquant la parole des villageois
comme un chœur antique, pour nous mener, au rythme même de la course empêchée
d’Emma, sur le chemin d’une aveuglante réalité : celle d’un pays où les
blessures de la guerre d’Algérie sont tapies dans les mémoires. Pour autant,
même boiteuse, exhibant crânement sa cicatrice, jamais Emma Fulconis ne
cessera d’aller de l’avant, exerçant sur nous, de son invraisemblable grâce,
un charme puissant.
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