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Londres la biographie

Peter Ackroyd

Philippe Rey

  • Conseillé par
    26 juin 2016

    Je ne sais pas résister aux biographies écrites par Peter Ackroyd, alors que je ne suis pas fan du romancier. Ma préférée reste celle consacrée à Shakespeare. Lire la biographie d'une ville, puisque c'est le sous-titre du livre, m'intriguait. C'est en fait la bible de Londres que ce livre-là. Je ne peux évidemment pas vous le résumer, mais il aborde tous les sujets possibles concernant la capitale anglaise, du cockney dont il explique à la fois l'origine et l'évolution à l'architecture en passant pas le mal-être londonien, la disparition du brouillard tel qu'il a pu exister jusqu'au début du XXe siècle. Le tout émaillé d'exemples précis. Ce n'est pas indigeste, loin s'en faut, et c'est un exploit. Je conseillerais peut-être tout de même de ne pas le lire d'une traite. Pour prendre quelques exemples de thèmes que j'ai trouvés particulièrement bien traités et passionnants, il y a tout d'abord celui du thé vendu pour la première fois en 1650 par l'épicier Daniel Rowlinson. Cent ans plus tard, ce breuvage avait plutôt mauvaise réputation car considéré comme mauvais pour l'estomac. On dit même qu'un essayiste, William Hazlitt, mourut d'un excès de thé. D'ailleurs en ce qui concerne la boisson, les londoniens n'y allaient pas de main morte puisque durant tout le XIXe siècle, on arrêta au moins 25000 personnes par an pour ébriété.
    La partie consacrée au brouillard est aussi très instructive. Personnage central des romans londoniens, il est parfait pour cacher les mystères narrés dans les aventures de Sherlock Holmes. C'est sans doute dans L'étrange cas du Docteur Jekyll et Mr Hyde que le brouillard est le mieux utilisé (et je dois dire que ça m'a donné l'envie d'utiliser le thème du brouillard dans mon cours de littérature étrangère). Certains disent que le dernier vrai brouillard tel que l'ont connu les londoniens pendant des siècles eut lieu en 1904. Dans les années 1920 et 1930, ce sont les purées de pois qui s'abattent sur Londres, mais ce n'est pas du brouillard à proprement parler. Je vous conseille aussi la lecture du passage sur les confréries de mendiants qui étaient entraînés et subissaient des rites d'initiation. Vous y découvrirez aussi que c'est après le Blitz que Londres devient ce que nous connaissons (et franchement, je ne suis pas sûre que j'aurais autant aimé le Londres d'avant) et puis aussi, l'étrange coïncidence qui fait que des périodes de vandalisme eurent lieu en 1260, 1760, 1860 et 1960. Peter Ackroyd conclut sur l'une des particularité londoniennes: la ville évolue, comme toutes les capitales, avec de nouveaux quartiers et des bâtiments aux formes pour le moins particulières, et pourtant tout cela finit toujours par s'intégrer à la ville et à en devenir une part indispensable.