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Buvard , une biographie de Caroline N. Spacek

Julia Kerninon, Julia Kerninon

Le Rouergue

  • Conseillé par
    11 février 2017

    Rien à dire sur le style de Julia Kerninon, c'est bien écrit, vif, fluide, moderne et classique à la fois. Tout va bien de ce côté-ci. Ce qui coince, c'est que je ne réussis pas à m'intéresser à ses personnages et à Caroline N. Spacek en particulier. Je ne trouve pas intéressant son parcours qui l'a menée jusqu'à l'écriture ni la suite dans laquelle elle écrit jusqu'à occulter totalement sa vie et celle de ceux qui l'entourent. Je trouve l'ensemble froid et fade, mais je redis bien que ce n'est que mon impression, puisque ce livre fut couronné de succès et notamment de prix littéraires. En fait, je m'ennuie, c'est peut-être le découpage voire la mise en pages -les dialogues insérés dans le texte, juste en italique-, je cherche, je cherche... Me reste une sensation, une impression d'un livre qui ne me touche pas et ne restera donc pas dans ma mémoire.

    Bon voilà, j'ai voulu essayer deux auteures que je ne connaissais que de nom, manifestement, mon essai n'est pas transformé, mais pas grave, je retenterai.


  • Conseillé par
    5 mars 2014

    la création comme une intrigue

    Lorsqu'il entre chez Caroline, Lou ne s'attend pas à y rester. Étudiant, il n'est venu que pour un simple article, pour tenter de percer le mystère de l’écrivaine qu’il adule. Il a lu tous ses livres. Il a désormais besoin de savoir qui elle est. Et, chose rare : elle accepte. Elle le reçoit alors même qu'elle ne voit plus personne, ne donne plus d’interviews –et surtout pas aux journalistes, qu’elle fait déguerpir à coups de talons hauts ou de feux de carabine. À 39 ans, la brillante auteure précoce, connue pour ses premiers romans sulfureux, vit recluse dans la campagne, au cœur du Devon. Et c’est dans cette maison anglaise que la scandaleuse commence à se livrer. Pendant qu’elle parle, de sa voix rauque, éraillée -une voix de fumeuse- Lou écoute et enregistre. Le soir, ils se couchent, chacun dans une chambre, et le matin, ça continue : Caroline parle, Lou s’imprègne, fasciné. Sans jamais l’interrompre, mais avide de percer le secret du génie, le jeune homme se tait. Peu à peu, il l’apprivoise. Elle lui donne sa confiance. Inexorablement, les souvenirs de Caroline se mêlent aux siens. Tous deux sont issus d’un milieu difficile, défavorisé, misérable même, et leurs destins se mélangent, se retrouvent sans cesse. La mémoire de l’un dessine celle de l’autre, remontant à la surface comme un animal traqué. Et leurs bribes de passé sont tout aussi violentes, choquantes, tragiques.

     Plus que l’histoire d’une rencontre entre un jeune thésard homosexuel et une star de l’écriture, « Buvard » est le récit d’une confrontation. Pendant neuf semaines, presqu’en huis clos, il partage sa réclusion, et apprend surtout à vivre avec elle. C’est l’été. Il règne une chaleur torride. Les mots de Caroline transpirent, gouttent, coulent, jusqu’aux oreilles de Lou. Comme un assoiffé, il absorbe, il avale ses paroles. Ils ont chacun des secrets, chacun un passé douloureux qui les ronge et les détruit. Reste à se relever, à affronter la vérité, à s’éponger le front. Julia Kerninon nous dévoile l’écriture triomphante, celle qui résulte du passé cruel, qui invite à l’introspection. La violence de la langue de son héroïne cache des secrets enfouis, qu’elle ne veut pas dévoiler. Pourquoi est-elle arrivée dans cette maison ? C’est la question à laquelle Lou doit répondre à tout prix. Une à une les réponses tombent, comme des couperets. En se contemplant dans le passé de l’écrivaine, le jeune homme fait face à sa propre vie.

    Julia Kerninon parvient à décrire le formidable processus de création littéraire, et la fièvre qui s’empare de l’écrivain, haletant, face à sa machine à écrire. Longtemps après avoir refermé " Buvard ", ses mots résonnent encore, comme une éternelle gueule de bois.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    9 janvier 2014

    Ce qui devait être une interview d’une après-midi s’est transformé pour Lou en neuf semaines à habiter chez l’auteure Caroline N. Spacek "boire et parler et parler et remettre inlassablement des piles dans le dictaphone". Caroline N. Spacek presque quarantenaire vit en solitaire dans le Devon en Angleterre. Tombé amoureux de son écriture, Lou ce jeune journaliste veut la rencontrer. Elle accepte alors qu’elle a toujours fui.
    Caroline N. Spacek n’était pas destinée à approcher l’écriture ou la littérature. Ni de loin ni de près. Pourtant elle est devenue une romancière talentueuse à la personnalité forte, imprévisible, avide de toucher au plus près la quintessence des mots. Impressionné et intimidé, Lou mesure sa chance d’être chez elle. Par bribes, Caroline va lui raconter sa vie.

    L’enfance et l’adolescence n’ont pas été tendres pour elle et il aura fallu que le hasard mette sur sa route le poète Jude Amos. Il l’embauche en tant que secrétaire et elle lâche son job de serveuse. Elle le suit partout, tape à la machine les textes qu’il lui dicte à voix haute. Il l’oblige à se plonger dans les dictionnaires. Très vite, Caroline finira par trouver pour lui le mot manquant ou à rectifier une phrase. Jude Amos ne croit pas que cette fille ne connaisse rien à la littérature. Il la congédie et quelques mois plus tard, elle publie son premier recueil de nouvelles. Caroline est habitée viscéralement par l’écriture, elle vit pour elle la faisant passer avant sa vie personnelle et ses amours. Le monde de l’édition lui reproche son attitude farouche, distante et son écriture singulière. Le succès de cette jeune femme énigmatique attise les curiosités. Et pour se protéger, Caroline écrit encore et toujours. Mais plus elle écrit, plus elle trace son sillon de solitude.
    Lou l’écoute, pose peu de questions, il enregistre et retrouve dans la voix rocailleuse de Caroline les stigmates de la violence et du rejet qu’il porte depuis son enfance. Il doute par moments de la véracité des propos de Caroline, s’interroge. Et le récit est tout naturellement émaillé par les impressions et les pensées de Lou entre ébahissement et émerveillement.
    Mais il y a beaucoup plus dans ce roman! Car on est avec Caroline et Lou, et tout est tellement palpable : l’atmosphère, les ressentis avec cette rage et cet amour de la littérature, la recherche de la perfection, et Lou qui s'imprègne de Caroline.
    L'écriture de Julia Kerninon est très visuelle, elle nous transporte près de ses personnages et elle nous introduit dans leurs vies. Il y a cette quête du bonheur et les jours sombres avec deux personnages qui se reflètent l'un dans l'autre au fil des pages. De la genèse d’un roman à tout que qu’un auteur met de sa personne dans un livre, des sacrifices personnels que l’on reconnait trop tard au rôle de la littérature dans nos vies, Caroline se raconte, et ce n’est forcément Lou qui l’apprivoise. Le lecteur le comprendra.
    Il fallait du talent pour écrire ce roman et Julia Kerninon le possède ! Un premier roman brillant lu en apnée totale et je me suis délectée !