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Dans le jardin de la bête

Erik Larson

Le Cherche Midi

  • Conseillé par
    5 octobre 2012

    1933, Les Etats-Unis n’ont plus d’ambassadeur à Berlin. Le président Roosevelt propose le poste à William Dodd un professeur d’histoire à l’université de Chicago. William E. Dodd n’avait rien du candidat type à un poste diplomatique. Il n’était pas riche. Il n’avait aucun poids politique. Il ne faisait pas partie des amis de Roosevelt. Mais il parlait l’Allemand et était censé bien connaître le pays. Et voilà comment William Dood, cet homme aux goûts simples s’installe à Berlin avec sa famille en juillet de la même année. Il est loin de s’imaginer ce que les prochains mois lui réservent.

    L’histoire de ce livre a été écrite à partir de documents et William Dodd a bien été diplomate à Berlin de juillet 1933 jusqu’à la fin de l'année 1937, il ne s’agit pas donc en aucun cas d’une œuvre de fiction.Quand en 1933, William Dodd prend ses fonctions, il pense que son rôle d’ambassadeur se rapproche de celui d’un observateur. Pour lui, il n’est pas à Berlin pour décider ou pour froisser l’Allemagne. D’ailleurs au vu du contexte de l'époque, les Etats-Unis imaginaient que le gouvernement d’Hitler ne pouvait être que temporaire. Sous-entendu sans danger. Même si des atteintes physiques envers des Juifs ou des Américains sont remontés à l’Ambassade, Dodd préfère les minimiser. Comme beaucoup il pense que les faits sont exagérés ou qu’il ne s’agit que de malencontreux incidents. En fait, il accepte les versions fournies par les membres du gouvernement nazi. Par contre, George Messersmith, le consul général Américain a tout de suite vu en Hilter une menace très sérieuse. Martha la fille de Dodd est une jeune fille dont la vie sentimentale n’est pas un long fleuve tranquille. Elle aime, sortir, s‘amuser et flirter. Elle fréquente le dirigeant de la Gestapo puis elle tombe amoureuse d’un espion russe. Ni Martha ni son père ont une opinion défavorable du chancelier. Sii Dodd n'a pas vu les changement qui ont commencé à s’opérer, il lui faudra plusieurs longs mois pour comprendre la situation et la dénoncer. La suite de l’Histoire s’écrit toute seule…

    Mon enthousiasme a piqué un peu du nez à plusieurs reprises à cause de quelques longueurs ou par des descriptions selon moi inutiles ( la composition des repas n’est pas pour moi une priorité). La femme de Dodd et son fils sont quasiment absents de ce récit et j’ai trouvé assez étonnant que Dodd laisse une totale liberté à sa fille.
    Malgré ces bémols, ce livre est très intéressant! Erik Larson retrace avec sobriété le schéma et l’ambiance de l’époque tout en donnant le point du vue d’un américain plongé au cœur de l’Allemagne diplomatique. Il décortique ces années en mettant le doigt sur les inquiétudes, la manipulation, la passivité des autres pays mais surtout il analyse tous les rouages des changements menés par Hilter. Largement documenté (avec pratiquement deux cent pages d'annexes supplémentaires), ce livre est saisissant par bien des aspects !


  • Conseillé par
    23 septembre 2012

    « On compare parfois la cruauté de l’homme à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers. » Fiodor Dostoïevski.

    Erik Larson, auteur américain né en 1954 à Brooklyn, est un abonné aux best-sellers dans le genre romans historiques et policiers.
    «Le Diable dans la ville blanche» se situe dans le Chicago du XIXe pendant l’exposition universelle.
    «Dans le jardin de la bête» nous plonge dans le Berlin de 1933 aux côtés de William E. Dodd, premier ambassadeur américain en Allemagne nazie.
    Ce livre n’est pas une oeuvre de fiction.


    C’est une sorte de «documentaire-fiction» construit à partir de documents historiques, journaux intimes, lettres, mémoires, archives...Travail monumental de recherche et de synthèse.
    Erik Larson n’aura pas fait des études d’Histoire pour rien.
    Avant tout, et j’insiste, ce livre est très agréable à lire. Il se lit (presque) comme un roman (mais tout de même pas comme un thriller comme annoncé sur la jaquette du livre, qu’est-ce qu’on ferait pas pour vendre, bon passons).

    En parallèle je conseille de lire le poignant témoignage de Inge Scholl «La rose blanche». Quelques allemands ont eu le courage de résister au nazisme. Il ne faut pas l’oublier. Il ne faut pas les oublier.

    1933 : Hitler vient d’être nommé chancelier et commence à installer son impitoyable pouvoir.
    Dodd a soixante-quatre ans quand il est nommé ambassadeur à Berlin.
    Il s’installe dans sa nouvelle fonction avec sa femme Mattie, sa fille Martha (vingt-quatre ans) et son fils William Jr (surnommé Bill, vingt-huit ans).
    En Amérique Dodd était directeur du département d’Histoire de l’université de Chicago. Jeune étudiant il avait séjourné en Allemagne.
    Nous allons vivre dans l’ambassade américaine, au jour le jour, heure par heure : conversations téléphoniques, échanges de courrier, discussions...
    Nous allons côtoyer de très près Hitler, Göring, Goebbels, Rudolf Diels (le premier chef de la Gestapo), Roosevelt, G. S. Messersmith consul à l’ambassade (un des premiers à avoir sonné l’alarme...en vain...).
    Suivre pas à pas, tel un témoin désarmé, les faits et gestes de cette époque inquiétante. La montée en puissance du nazisme.
    Les premiers autodafés, les premiers défilés et saluts hitlériens obligatoires, les premiers sévices de la Gestapo, les premiers camps.
    Jusqu’à la «Nuit des longs couteaux» en juin 1934.
    Erik Larson nous fait «relire» deux ans d’Histoire.
    Deux années décisives d’hésitation, de naïveté, d’incompréhension, de sourdes oreilles, voire d’ambiguïté des grandes démocraties comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne...la France.
    Un nouvel éclairage qui pourra satisfaire les allergiques aux lourds essais, les susceptibles de la magistrale leçon d’Histoire ou les perméables aux thèses politiques.

    En 1933, le consul Messersmith écrit, déjà : «J’aimerais, écrit-il, faire comprendre aux Américains que cette tendance belliqueuse se développe en Allemagne. Si leur gouvernement se maintient au pouvoir encore une année, et s’il continue à agir dans le même sens, il avancera à grand pas dans une direction : faire de l’Allemagne un danger pour la paix mondiale dans les années à venir. À part quelques exceptions, les hommes qui dirigent ce gouvernement ont un état d’esprit que ni vous ni moi ne pouvons comprendre. Quelques-uns sont des psychopathes qui ailleurs seraient sous traitement.»

    Alors pourquoi personne n’a-t-il réagi ? Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour prendre la mesure du danger que représentaient Hitler et son régime ?

    Je n’ai pas la réponse...sinon à chercher dans la nature humaine...


  • Conseillé par
    22 septembre 2012

    Allemagne, Etats-Unis, ambassade

    Voici plus un livre-document sur la famille Dodd en Allemagne nazi que réellement un roman. Il faut dire que la vraie vie de cette famille est un roman à elle seule, ou "Quand la réalité dépasse la fiction".

    Le père, ambassadeur par défaut, car n'ayant aucune formation diplomatique. Mais c'est un universitaire à l'esprit éclairé et vif, un démocrate à l'ancienne qui tient absolument à réduire le train de vie de l'ambassade à Berlin après la Crise de 1929.

    Martha, la fille, qui est d'abord séduite par le renouveau de l'Allemagne et oublie vite les incidents lors des manifestations du Partie. Mais peu à peu, l'atmosphère de Berlin change, obligeant ses amants à s'exiler, parfois. Sans oublier Boris le communiste convaincu qui lui ouvre les yeux sur la réalité du pays.

    Erik Larson sait nous faire sentir la tension grandissante qui prend la capitale allemande pour ne plus la lâcher. Tout le monde surveille tout le monde, tout en cherchant à plaire aux cadres du Partie, sans savoir s'ils seront encore vivant le lendemain.

    Ce livre est passionnant de ce point de vue : il a su me faire toucher du doigt l'atmosphère délétère de Berlin.

    Et Roosevelt qui fait la sourde oreille, entouré d'un personnel qui ne veut croire qu'en la paix, refusant d'ouvrir les yeux sur le réarmement de l'Allemagne.

    Sans oublier les diplomates "à l'ancienne" qui mettent des bâtons dans les roues de l'Ambassadeur, car celui-ci n'a pas été formé à leur école.

    Tout est donc en place pour la Seconde Guerre Mondiale dont la Nuit des Longs couteaux marque le commencement.

    Les images que je retiendrai :

    Celle des longues promenades de William Dodd dans le parc à côté de sa résidence, lieu de rencontre informelle entre les différents ambassadeurs. Ainsi que celle des virées en voiture de Boris et Martha, loin des écoutes et des espions.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/08/23/24934291.html