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    12 octobre 2012

    Chroniques

    Hasard du calendrier éditorial: quelques semaines après la découverte des strips psychanalytiques de Asaf Hanuka, un nouveau coup de cœur nous ramène dans ce pays que l’on nomme Israël ou Palestine, en fonction de critères de jugement tellement antagonistes qu’ils apparaissent malheureusement comme d’éternels pourvoyeurs de cadavres.

    Le chirurgien Amine Jaafari travaille dans un hôpital de Tel Aviv. Il est à la fois Arabe et citoyen israélien – ce qui signifie usurpateur pour certains, traître pour d’autres. Après une éprouvante intervention au bloc opératoire où il a tenté de sauver les victimes d’un attentat particulièrement meurtrier, il est interpellé par la police et, au fil de l’interrogatoire et de l’enquête, doit à son corps défendant se résoudre à l’insoutenable vérité: le kamikaze qui a engendré ce massacre n’est autre… que sa propre femme.

    Dès lors, plus étranger que jamais dans un pays scindé en deux parties irréconciliables, il entame une descente aux enfers et, bravant le danger, se met en quête d’une réponse à cette question obsédante: qu’est-ce qui a pu conduire Sihem à commettre un tel acte ?

    « L’attentat » est à l’origine un roman (publié en 2005) de Yasmina Khadra. L’auteur a choisi ce pseudonyme pour rendre hommage aux femmes algériennes, notamment la sienne. Il s’appelle en réalité Mohammed Moulessehoul et fut officier de l’armée régulière en lutte contre les groupes islamistes durant la guerre civile qui ensanglanta son pays à la fin du siècle dernier. On peut imaginer à quel point cet homme est au fait des malentendus et discordes qui opposent non seulement l’Occident et l’Orient, mais aussi les Arabes, musulmans ou pas, entre eux.

    L’adaptation qu’en a fait Loïc Dauvillier est remarquable d’efficacité. Le découpage du récit tient le lecteur en haleine dès les premières pages. Le dessin de Glen Chapron (que l’un d’entre nous a récemment rencontré lors d’une séance de dédicaces à Dialogues) colle au sujet; ses traits nerveux accentuent la tension dramatique et le travail des couleurs souligne les situations que traverse Amine, fortes en émotions diverses – horreur, hébétude, rage, mélancolie, apaisement…

    L’attentat est un roman graphique bouleversant dont la lecture apporte une forme de catharsis (purification des passions), à la manière des tragédies grecques.

    Malo.

    Lire la chronique illustrée : http://www.brestenbulle.fr/?p=7698