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Casa Triton

Kjell Westö

Autrement

  • Conseillé par
    1 mars 2021

    Chef d’orchestre de renommée internationale, Thomas Brander a sacrifié sa vie privée sur l’autel de la musique. Toujours entre deux tournées, il n’a jamais pris le temps de trouver son port d’attache, un chez-lui où il pourrait se ressourcer entre deux concerts. Aussi voit-il les choses en grand quand il se décide enfin à faire construire une maison. En trop grand même, pourrait dire son voisin Reinar Lindell quand il observe l’avancée des travaux de la Casa Triton, une villa, voire un château, en tout cas une construction incongrue sur cette petite île de l’archipel d’Helsinki. A priori, Brander et Lindell n’ont rien en commun. Le premier est froid, distant, égoïste, il collectionne les femmes, le second est psychologue scolaire, aime aider son prochain et pleure sa femme trop tôt décédée. Brander est chef d’orchestre et aussi un clarinettiste de talent, Lindell joue de la guitare -mal- dans un groupe amateur, principalement du rock et de la pop. Et pourtant, une amitié va naître entre ces deux hommes si différents. Car si dissemblables soient-ils, ils ont en commun leur solitude et leur recherche désespérée d’un bonheur qui semble vouloir leur échapper.

    Deux hommes, une maison, la musique et une multitude de thèmes. Certains universels comme la solitude, l’amour, le deuil, la paternité, le pardon, le racisme, le succès, la vie et d’autres actuels comme l’écologie, les migrants, #MeToo ou le Covid.
    En fond sonore, la musique, Ravel ou Brahms, les Beatles ou ABBA, sans oublier la mélodie de Kjell Westö, sensible, mélancolique, tourmentée, parfois discordante comme le triton, cette note du diable qui donne son nom à la maison de Thomas Brander. Un séjour cathédrale pour que la musique s’y épanouisse, un ascenseur pour rejoindre l’étage, une modernité aseptisée devaient faire de cette maison le lieu de rendez-vous à la fois cosy et impressionnant des amis du chef d’orchestre. Mais cette maison de vacances pourrait bien devenir son lieu de vie. Sa carrière périclite en même temps que de plus jeunes chefs d’orchestre prennent leur envol, son nom est éclaboussé par des accusations à caractère sexuel, sa dernière maîtresse le quitte et Brander refuse de voir qu’il n’a plus la flamme. Contrairement à son voisin qui se plie en quatre pour faire durer son groupe amateur. Il n’a pas le talent mais il a le feu de la passion. Même si la musique n’est pas toute sa vie. Il est impliqué dans la vie du village, s’intéresse à l’écologie, au sort des migrants et fait son possible pour aider ses amis.
    Ces deux hommes vont se lier d’une amitié qui hésite, se cherche mais finit par être sincère et profonde. Chacun à leur manière, ils sont touchants. Brander qui tente de renouer avec son fils après l’avoir délaissé au profit d’une carrière où chaque jour est un combat pour rester sur le devant de la scène et Lindell qui entretient le souvenir de la femme aimée en niant tout ce qui n’allait pas dans son couple.
    Après Nos souvenirs sont des fragments de rêve, roman auquel il fait une petite référence d’ailleurs, Kjell Westö signe avec Casa Triton le roman de la musique qui estompe les frontières. Une exploration touchante du cœur des hommes dans leurs fragilités, leurs doutes, leurs espoirs.
    Et petit clin d’œil à la pandémie mondiale. Dans le roman, la vie a repris son cours et masques, gel hydroalcoolique et gestes barrières ne sont plus en vigueur que lors des déplacements en avion. Puisse l’auteur avoir vu juste…


  • Conseillé par (Libraire)
    31 janvier 2021

    Casa Triton, c’est le nom de la maison que Thomas Brander fait construire à Ravais. Une grande villa, un luxe démesuré, la plus belle vue sur la mer. Est-ce la nostalgie de ses vacances enfantines ou le pressentiment d’un déclin inéluctable, qui l’ont poussé à s’installer dans ce coin si retiré ? Car depuis 30 ans le chef d’orchestre renommé parcourt le monde, dirigeant des concerts de Cracovie à Glascow, de Hambourg à Malmö, d’Helsinki à Oslo…Ses plus grands succès, il les a obtenu avec Mahler et Sibelius. Plusieurs fois divorcé, largué par sa dernière compagne, il aspire à ralentir le rythme effréné qui est le sien depuis longtemps, et la compétition acharnée qui règne dans son milieu. Sa carrière semble décliner, les critiques sont de plus en plus mauvaises à son encontre, et l’atteignent davantage, il se sent dépassé par des chefs plus jeunes, ou plus inspirés. Son quotidien n’est qu’angoisse et solitude.
    Il fait la connaissance de son voisin, Reinar Lindrell. Psychologue dans un collège le jour, guitariste amateur dans un groupe de rock local le soir, celui-ci vit tout aussi seul, et ne se remet pas de la mort de sa femme. Il a bien une fille, mais elle enchaine les misions médicales aux 4 coins du monde.Les chapitres alternent les voix des 2 hommes, chacun muré dans la solitude et prisonnier de son passé. Incommunicabilité et mélancolie imprègnent ce roman.
    2 beau portraits d’hommes hantés par leur passé avec leurs échecs, leurs contradictions, leurs failles, leur vulnérabilité, 2 hommes que tout oppose, 2 solitudes, qui tentent maladroitement de s’apprivoiser mais dont les centres d’intérêts sont inconciliables. Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman qui s’étire au fil des saisons, où la rudesse du climat oblige la communauté à être solidaire. On s’attache à ces 2 hommes parfois peu sympathiques, que l’on va peu à peu les découvrir à travers les yeux de leurs amis. D’ailleurs, les autres personnages du roman, musiciens, chefs d’orchestre, rendent vivant ce beau texte.