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Ma sombre Vanessa

Kate Elizabeth Russell

Les Escales

  • Conseillé par
    22 octobre 2020

    Intelligent et nécessaire.

    Qu’est-ce qu’une victime ?
    La réponse semble simple : une personne qui subit un dommage, moral ou physique, sans son consentement.

    Tout le monde s’accorde là dessus.
    Mais, et les victimes qui refusent de se reconnaître comme telles ? Toutes celles qui se taisent et se raccrochent à l’idée que tant qu’elles ne se revendiquent pas victimes, elles ne le sont pas vraiment ?
    Sont-elles plus, ou moins courageuses que celles qui parlent ?
    Pendant très longtemps, on cachait les faits, par honte, par peur, parfois même par force.
    Mais ceux qui imaginent que maintenant ce n’est plus le cas, et qu’une victime DOIT parler, pour son bien et celui des autres, parce que ce n’est plus « honteux » se trompent. Et lourdement.
    Une victime ne l’est pas qu’aux yeux des autres, son propre regard compte aussi. Il compte même bien plus que le reste...
    Parce que l’horreur, le choc, l’infamie, appelez ça comme vous voulez, c’est d’abord en elle qu’elle le ressent.
    Et tout cela est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

    Avec son roman, Ma Sombre Vanessa, Kate Elizabeth Russel pose à plat toutes ces nuances, toutes ces complexités, tous ces questionnements.
    Elle nous les expose, nous les explique, nous les fait ressentir, à travers l’histoire de Vanessa.

    En 2000, cette jeune élève, amoureuse des mots, des livres et des poèmes, va vivre l’enfer avec Strane en croyant atteindre le paradis.
    Ou en tentant de s’en persuader autant que possible.
    Alors, en 2017, lorsque Strane est accusé par d’autres jeunes femmes, comment peut-elle réagir ? Au mieux pour elle, pour les autres, pour lui ?

    Avec l’alternance des chapitres, on suit à la fois la jeune élève qu’elle était et la jeune femme qu’elle est aujourd’hui, et on ressent jusque dans nos tripes la résonance et les conséquences de la première époque sur la seconde.

    Les victimes sont comme les horreurs qu’elles subissent : multiples et différentes.
    Il n’y a pas de « bonne » façon d’être une survivante, parce qu’il y a autant de manières de l’être que de personnes qui le sont...

    Un roman sombre, beau et difficile, délicat et cru, doux et tourmenté, qui parlera à tous, victimes ou non.
    À lire absolument.